Intervention cultivée de Christian Hutin, enfin un zeste de culture dans les débats de l’assemblée ! |
M. le président. La parole est à M. Christian Hutin, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Christian Hutin. Monsieur le président de la commission des affaires sociales, vous accusez le président de notre groupe de caricaturer. Mais qu’a fait Richard Mallié en parlant du Second Empire ? Certes, on ne peut nier que ce régime ait vu le développement de l’industrie et qu’il ait permis aux salariés d’aller à la messe le dimanche, mais on peut douter qu’il ait été exemplaire pour ce qui est de la qualité de vie des ouvriers, de leurs horaires, du travail des enfants, des accidents du travail. Un penseur de ce temps, Alphonse Aulard, disait – et la formule a été reprise par Forain, ancêtre de Philippe Martin – : « Ah ! que la République était belle sous l’Empire ! » Il ne faudrait pas que, avec ce texte, cette treizième législature donne une telle impression.
Nous avons le choix entre deux sociétés : d’une part, celle de la fraternité, du social, du sport le dimanche, de la famille, de la convivialité (Rires et exclamations sur les bancs du groupe UMP) et, pour ceux qui le souhaitent, de la spiritualité (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP) ; d’autre part, celle du caddie.
La métropole lilloise, dans le Nord-Pas-de-Calais, a donné plusieurs familles fondatrices de grands groupes de distribution et d’hypermarchés : elles habitent de l’autre côté de la frontière, en Belgique, ne paient pas l’impôt en France, mais viennent y voter, chaque dimanche d’élection, souvent après la messe. Avec ce texte, nous sommes plus éloignés de ce que disait Jean Gabin : nous ne ferons plus jamais rien « le dimanche au bord de l’eau » et les nouveaux « millionnaires du dimanche » seront les propriétaires de ces grandes enseignes.
Nous allons bien sûr voter la motion de rejet préalable fort bien défendue par Martine Billard, car nous ne voulons pas que tous les dimanches deviennent des lundis de Pentecôte travaillés. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. le président. Sur le vote de la motion de rejet préalable, je suis saisi par le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.