Les chrétiens et le travail dominical

FIGAROVOX/ OPINION 22/2/15  – Alors que la loi Macron prévoit d’aménager le travail du dimanche, Paul Piccarreta rappelle l’importance du repos dominical dans le christianisme.

Pourquoi le travail du dimanche ne scandalise pas tous les chrétiens? C’est la question que se posait le journaliste Sébastien Lapaque, dans La Vie, il y a un an. Elle était légitime. Dans l’histoire moderne, le christianisme est la religion qui s’est emparée le plus spontanément de la question du travail. Si l’on prend le temps de lire son histoire sur ce point-là, on découvre une vision de l’homme aux antipodes de certains réflexes actuels.
 
Dans l’histoire moderne, le christianisme est la religion qui s’est emparée le plus spontanément de la question du travail.
 
Sur la loi Macron, on pourra donc regretter le relatif manque de mobilisation des chrétiens. Après tout, le combat de certains contre le Mariage pour tous annonçait une prise de conscience sociale. Les notions d’ «inégalités» et de «marchandisation» avaient été les maîtres mots des derniers rassemblements. De la part d’une droite catholique souvent assimilée à la bourgeoisie, on voyait naître là une attention particulière au lien social. Mais Lapaque avait peut-être raison de s’inquiéter:
 
«Si c’est la famille millénariste que voulaient protéger ceux qui sont bruyamment descendus dans la rue pour dire qu’ils ne lâcheraient rien, ils déploieraient autant d’énergie à défendre le repos du septième jour prescrit par le Seigneur dans le livre de l’Exode. En quête de valeurs susceptibles de les distinguer de la gauche sociale-libérale au pouvoir, la droite révolutionnaire a exagéré la réalité de ses convictions morales.» La Vie, 17 janvier 2014.
 
Doit-on préciser qu’il n’est pas essentiel d’être marxiste pour défendre une certaine conception du travail et du repos? Pour rappel, la logique du travail dominical est un «temps suspendu», selon la belle expression de la philosophe Chantal Delsol, que l’on a brisé pour augmenter le dividende des actionnaires. Constat globalement neutre, mais qui a le mérite de la lucidité. Au reste, cette augmentation est bien relative: il a suffisamment été démontré que le «report de consommation» n’accroissait pas ou très peu le chiffre d’affaire d’un magasin. Comme le disait très justement Etienne Neuville, vice président du collectif des Amis du dimanche, «Bricorama n’a pas vu s’envoler le nombre de perceuses vendues» après sa permission d’ouverture le dimanche. Il est certain en revanche qu’il conduit le petit commerçant à se serrer plus méchamment la ceinture.
 
Selon l’évangile de Matthieu, les chrétiens ne peuvent servir Dieu et Mammon à la fois, qu’on traduit plus trivialement par «Dieu et l’argent». Sa version moderne pourrait être celle-ci: les chrétiens ne peuvent servir Dieu et Macron à la fois. Et ce n’est pas monsieur Mélenchon qui le dit.

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