Le travail du dimanche fait de moins en moins recette

Le rapport de la commission d’évaluation municipale n’est pas favorable à une extension du travail dominical dans les commerces de la capitale, telle que voulue dans l’un des articles de la loi Macron. Un vœu du groupe des élus du Front de gauche vient conforter cette position.
 

Cet après-midi, les élus parisiens vont plancher sur le travail du dimanche. Et à part les conseillers de droite qui entendent proposer de placer tout Paris en « zone touristique internationale » ce qui induirait l’ouverture des commerces tous les dimanches de l’année, voire la nuit, la majorité de gauche, avec des nuances, n’est pas favorable à une extension du principe actuel. Alors que la loi du ministre Macron voudrait faire passer les possibilités d’ouverture de 5 dimanches à 12 par an comme une solution économique miracle. Sans tenir compte un seul instant des bouleversements familiaux que cela induirait…

Continuer d’avoir le droit de vivre

Mais les salariés du commerce parisien ne sont pas dupes. Car après ceux des grands boulevards, qui se sont mobilisés à plusieurs reprises ces dernières semaines, vendredi matin, c’était ceux du BHV qui a plus de 250 voix étaient venus manifester sous les fenêtres de l’Hôtel de Ville, dénonçant la prise de position du maire (PS) du 4e arrondissement favorable à une extension de l’ouverture de ce grand magasin qui se trouve dans son périmètre. « C’est maintenant qu’il faut se battre, et tous ensemble on peut les faire reculer », précise Karl Ghazi, du Clic-P (regroupant la plupart des organisations syndicales du commerce). Les personnels dénoncent notamment le risque de suppression de deux jours de repos consécutifs et une détérioration de la vie familiale. Comme le disent Évelyne et Christian, « deux vendeurs aux salaires minables mais qui veulent continuer d’avoir le droit de vivre ».

Plusieurs élus parisiens étaient présents dans cette manifestation, comme Jérôme Gleizes, d’Europe Écologie-les Verts : « On s’oppose à la loi Macron, et on veut que la compétence sur les ouvertures dominicales reste dans les compétences municipales. » Évelyne Zarka, Didier Le Reste, Nicolas Bonnet-Oulaldj et Danièle Premel représentaient le Front de gauche. Lequel groupe politique a prévu de déposer en séance deux vœux sur le sujet. Un premier, de portée générale, et un second centré sur le BHV. « L’extension du travail du dimanche et de nuit est une question bien plus large que celle des grands boulevards parisiens », explique Didier Le Reste, élu du 10e arrondissement, en rappelant que la mission d’information et d’évaluation (MIE) initiée par la Ville de Paris, en juin 2014, pointe les faits suivant : « Seuls 15 % des touristes qui viennent à Paris viennent dans le but d’y faire des achats. Les autres viennent pour l’attractivité culturelle de la capitale. Un touriste européen passe en moyenne une semaine à Paris ; un touriste venant des pays d’Asie, quatre jours. Ce qui ne justifie donc en rien l’ouverture des magasins le dimanche. »

En conséquence, le texte des conseillers communistes Front de gauche demande « que la Mairie de Paris interpelle le gouvernement sur la généralisation du travail du dimanche et indique publiquement son refus de cette généralisation ». Et Didier Le Reste d’ajouter qu’« il y a une personne fortement favorable à l’ouverture des centres commerciaux des gares le dimanche, c’est le patron de la SNCF. Il espère ainsi humaniser ces espaces alors qu’il y a de moins en moins de cheminots. C’est totalement inacceptable » !

Quant à l’initiative du maire du 4e, il ne s’agit que d’une initiative « individuelle », a expliqué Olivia Polski, l’adjointe d’Anne Hidalgo en charge du commerce, tandis qu’elle recevait une délégation des manifestants du BHV. Et ce fut pour elle l’occasion de rappeler que la maire de Paris, conformément aux conclusions de la MIE, n’est favorable ni à une extension des possibilités d’ouverture, ni à une remise en cause par l’État des prérogatives relevant jusque-là des municipalités. Le travail du dimanche mobilise contre lui à Paris depuis avril 2014. Laurent Fabius, alors tout nouveau ministre du Tourisme, y voyait là un moyen de relancer l’attrait de la capitale pour les visiteurs étrangers. L’on se souvient pourtant des promesses du candidat Hollande qui, en 2012, réaffirmait « le principe du repos dominical ». Le Conseil de Paris continue ainsi de faire front contre le désormais projet de loi sur « l’activité et l’égalité des chances économiques » d’Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, élaboré sous la pression du Medef, qui évoque l’hypothétique création de 40 000 à 100 000 emplois grâce à l’ouverture dominicale. 

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