Les salariés français sont davantage exposés aux RPS que les autres salariés européens

Une étude de la DARES montre que les salariés français sont les plus touchés d’Europe par les risques psychosociaux (intensité du travail, temps de travail, exigences émotionnelles, autonomie, etc).

Et M. Macron, dans ce contexte, veut en plus les faire travailler le dimanche ? 

WK-CE 12/1/15

Les salariés français font partie des salariés européens les plus exposés aux risques psychosociaux selon une étude de la Dares publiée le 22 décembre 2014. Ils arrivent notamment en tête des salariés déclarant avoir subi un harcèlement moral.
 
Dans une étude publiée le 22 décembre, la Dares dresse un état des lieux des risques psychosociaux (RPS) encourus par les salariés français, par rapport aux salariés des autres États membres de l’Union européenne (UE). Les RPS analysés sont l’intensité du travail et le temps de travail, les exigences émotionnelles, l’autonomie, les rapports sociaux et relations de travail, les conflits de valeurs, l’insécurité de la situation de travail. La Dares tire de cette comparaison un constat édifiant: « la France est le seul pays dont le niveau d’exposition est supérieur ou égal à la moyenne européenne pour chacune des six dimensions ». Seule l’intensité du travail se situe dans la moyenne européenne. Pour le reste, les salariés français ont davantage de difficultés à concilier leurs temps de vie, subissent en moyenne plus d’exigences émotionnelles, déclarent manquer plus souvent d’autonomie et de soutien social et vivre des conflits de valeurs. L’insécurité de leur situation de travail est aussi jugée moins bonne en raison du fort sentiment de non­soutenabilité du travail.
 
Des horaires de travail plus difficiles à concilier avec la vie personnelle
Si les salariés français sont moins touchés par les longues durées de travail hebdomadaires (seuls 5,6 % travaillent habituellement plus de 45 heures par semaine contre 11,9 % en moyenne des salariés européens) ou le travail dominical (13,9 % contre 17,5 %), ils expriment, en revanche, davantage de difficultés à concilier leurs temps de vie professionnel et personnel. Ils sont ainsi 21,4 % (contre 17,6 % dans l’UE) à considérer que leurs horaires de travail ne s’accordent pas très bien ou pas bien du tout avec leurs engagements sociaux et familiaux. Ils sont également 45,2 % (contre 37,7 % dans l’UE) à déclarer qu’il est plutôt difficile, voire très difficile, de prendre une heure ou deux sur leur temps de travail pour régler un problème personnel. 

Plus d’exigences émotionnelles et une moindre autonomie
Les salariés français arrivent en 2e position des salariés dont le travail implique d’être, les trois quarts du temps ou plus, en contact direct avec le public (clients, passagers, élèves, patients, etc.), avec un taux de 58,9 % contre 48,4 % dans l’UE. Ils sont aussi plus nombreux que la moyenne européenne à affirmer que leur activité requiert de cacher leurs sentiments (35,1 % contre 25,3 %) ou qu’une erreur dans leur travail pourrait causer des dommages physiques à d’autres personnes (20,9 % contre 18,2 %).
Par ailleurs, les salariés français souffrent d’un certain manque d’autonomie. Près de la moitié (49,3 %) indique ainsi ne pouvoir jamais ou rarement influencer les décisions qui sont importantes pour leur travail (contre 39,3 % dans l’UE). Ils sont également 39,2 %, contre 33,7 %, à ne pas pouvoir choisir ou changer leur cadence ou vitesse de travail. Ils sont enfin 36,4 %, contre 32,6 %, à déclarer ne pas être ou être rarement consultés avant que les objectifs de travail ne soient fixés.
Des rapports sociaux au travail de moins bonne qualité
Les salariés français font davantage état que leurs homologues européens de difficultés dans leurs rapports sociaux au travail, notamment avec leur hiérarchie. Ils se situent ainsi au premier rang des salariés indiquant que leur responsable immédiat ne les encourage pas à participer aux décisions importantes (42,4 % contre 35 %). Ils sont également au 2e rang des salariés déclarant que leur responsable immédiat ne leur fournit pas de commentaires sur leur travail (33,8 % contre 24,2 %) et au 3e rang des salariés affirmant que leur responsable immédiat ne les respecte pas en tant que personne (6,8 % contre 4,9 %).
Par ailleurs, comparés aux autres salariés de l’UE, les salariés français sont relativement plus nombreux à déclarer avoir subi une discrimination en raison de l’origine (2,8 % contre 1,3 %) ou en raison de la religion (1,8 % contre 0,8 %), ce qui place la France au 3e rang des pays exposés. La France arrive enfin en tête des pays de l’UE exposés au harcèlement moral (9,3 % contre 4,4 %).
Un travail moins « soutenable »
Les salariés français ont moins de crainte que leurs homologues européens s’agissant de la sécurité de leur emploi. Ils se sentent ainsi moins exposés à la perte immédiate de leur emploi (11,7 % contre 16,1 %) ou à la difficulté de retrouver un emploi avec le même salaire en cas de perte (36,5 % contre 45,2 %). En revanche, ils sont plus nombreux à penser que leur travail n’est pas soutenable. Plus d’un salarié français sur deux estime ainsi qu’il ne pourra pas faire le même travail qu’actuellement lorsqu’il aura 60 ans (52,5 % contre 38,1 %).
DARES, Analyses n° 100, décembre 2014

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