La justice suspend le rachat du Printemps par le Qatar

La loi Macron s’apprète à faire un beau cadeau aux magasins du boulevard Haussmann, dont le magasin Le Printemps.

Or celui-ci a été vendu au Qatar. Après l’attentat de la rue Nicolas Appert, est-ce vraiment le moment ?

 
 
Faute de régularité dans les formalités du rachat, le Qatar devra encore patienter avant d’exposer le Printemps dans sa vitrine. La Cour d’appel de Paris a ordonné lundi la suspension «des effets de la cession» de la célèbre enseigne à des investisseurs du puissant émirat.

La justice enjoint la société de reprendre la procédure d’information-consultation du comité central d’entreprise (CCE), a-t-on appris mardi.

Dans son arrêt, la Cour d’appel «constate que la procédure d’information-consultation du comité central d’entreprise de la société Printemps sur les conséquences du projet de changement de contrôle du groupe Printemps n’est pas régulière». Elle ordonne donc «la suspension des effets de la cession des titres détenus par Borletti Group Finance au bénéfice de la société Disa, jusqu’au jour de la reprise de la consultation régulière du comité central d’entreprise de la société Printemps».

«Cette décision ne remet aucunement en cause le changement de contrôle du Printemps», a expliqué l’enseigne dans un communiqué. La vente avait été finalisée le 31 juillet dernier juste après le feu vert de l’autorité de la concurrence française. Pour se conformer à l’arrêt, le groupe indique qu’il va convoquer «très prochainement une nouvelle réunion de son CCE».

Divine Investments (Disa), société d’investissements luxembourgeoise détenue par des intérêts privés du Qatar, a racheté les 70% de participation de la Deutsche Bank dans le Groupe Printemps, ainsi que les 30% restants que détenait la société italienne Borletti.

226 emplois seront supprimés selon les syndicats

Fin avril, les élus du personnel avaient refusé de se prononcer sur la cession, après avoir découvert que le magasin-amiral du Printemps sur les Grands Boulevards parisiens serait radicalement transformé après le rachat. Il est prévu que le grand magasin devienne un temple du luxe, dédié aux marques haut de gamme et destiné à attirer la riche clientèle de touristes étrangers. Cette transformation entraînerait la suppression d’au moins 226 emplois, selon les syndicats.

La cession du groupe fait également déjà l’objet d’une procédure parallèle d’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris le 28 juin à la suite d’une plainte des élus du personnel pour enquêter sur des montages financiers jugés «très opaques» par les syndicats. Ces derniers estimaient qu’il existait des soupçons de «corruption privée, d’abus de confiance, d’opération de blanchiment et de fraude fiscale» autour de cette vente. ‘enquête a été confiée à la brigade financière.

Si elle ne remet pas en cause la vente du Printemps, la décision de la cour d’appel «ne donne pas des points (au Printemps, ndlr) pour l’enquête préliminaire», estime Bernard Demarq, porte-parole de l’intersyndicale CGT, CFDT, UGICT-CGT et SAPP du Printemps, qui compte près de 3400 salariés et 16 magasins en France.

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