Nous annoncions dans une précédente tribune que les compensations salariales promises, avant même que d’être mises en place, disparaissaient déjà : prévision amplement confirmée par les propos tenus ce jour par M. Macron : « Si vous décidez le payer double, vous créez des déséquilibres ». Ce qui veut dire que le paiement double n’était qu’un argument pour les naïfs. Présentation de la dérégulation du dimanche aux alentours de 26 minutes. Incantations, grands principes, bavardage, nouvelles obligations aberrantes, et chiens écrasés (nous comprenons difficilement pourquoi le Ministre de l’Economie, se haussant par humilité au niveau d’un sous-chef de préfecture, se préoccupe des horaires d’ouverture des librairies de gares. Peut-être qu’il l’aime, la littérature de quai de gare ?). |
Travail le dimanche : Valls à la rescousse de Macron
Le premier ministre Manuel Valls a défendu le projet de loi de son ministre de l’Economie. Critiqué par la gauche et Martine Aubry, le projet prévoit plus d’ouvertures de magasins le dimanche. Le « principe de compensation sera imposé dans la loi » assure Emmanuel Macron.
Devant la fronde qui monte, encore une fois, il fallait marquer le coup. C’est Manuel Valls en personne qui a défendu la loi de son ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, « sur la croissance et l’activité », un texte qui entend « déverrouiller les blocages, alléger les contraintes » pour créer de l’emploi. Le projet de loi est accusé par la gauche d’être trop libéral et mécontente les professions réglementées comme les notaires.
Mise en scène
Le premier ministre était entouré de plusieurs de ses ministres. En animateur du gouvernement, il passe la parole à chacun. La mise en scène permet à Manuel Valls de se placer en patron tout en défendant un texte attaqué par une partie grandissante de sa majorité, jusqu’au premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui le juge « fourre-tout ».
Sans être présente, l’ombre de la maire de Lille a plané sur cette conférence de presse, non sans irriter Manuel Valls. Martine Aubry, qui n’en est plus à son premier coup de talon envers l’exécutif, a eu la délicatesse de publier le jour même une tribune dans Le Monde pour dire tout le mal qu’elle pense du passage de 5 à 12 du nombre de dimanches travaillés par an. S’il ne doute pas qu’il obtiendra une majorité au final sur ce texte – comme à chaque fois, a-t-il rappelé – le gouvernement a donné des gages aux frondeurs et s’est montré ouvert quant aux « marges de débat ».
« C’est important, il ne faut pas qu’il y ait de flou, vous voyez ce que je veux dire… »
En réponse au texte de Martine Aubry, Emmanuel Macron réduit son projet de loi à « un vrai travail technique » qui se veut avant tout pragmatique. « Il ne propose pas de rouvrir un grand débat de civilisation », lance le ministre. Il précise que le « principe de compensation sera imposé dans la loi », « c’est plus de justice », ajoute-t-il, histoire de gauchiser un peu son discours. Le ministre en fait même une « avancée sociale », alors que la maire de Lille parle de « régression ». Le ministre du Travail, François Rebsamen, insiste, pour les plus inquiets : « Le dimanche ne sera jamais un jour travaillé comme les autres ». « La société des loisirs et de la famille, nous ne revenons pas là-dessus », abonde Emmanuel Macron.
Interrogé sur la compensation, le ministre ne veut pas imposer un montant. « Si vous décidez le payer double, vous créez des déséquilibres », au détriment des petits commerces, a-t-il fait valoir. Il renvoie la décision à des accords de branches ou au sein des entreprises. A une nouvelle question qui souligne une part de flou, Manuel Valls préfère faire de l’humour : « C’est important, il ne faut pas qu’il y ait de flou, M.Macron. Vous voyez ce que je veux dire… » Martine Aubry reprochait à François Hollande son flou pendant la campagne présidentielle.
Nombreux domaines
Si le travail le dimanche concentre les critiques, le texte touche de nombreux domaines. Le projet de loi doit permettre de baisser les tarifs réglementés des actes « de la vie courante » (petit achat immobilier, constat d’huissier). Les conditions d’installation pour les professionnels du droit (huissiers, notaires notamment) seront simplifiées.
Le texte prévoit d’autoriser l’exploitation de lignes d’autocars sur le territoire national et de renforcer la régulation des autoroutes. Dans le secteur de la distribution, les enseignes en situation dominante pourront être forcées de céder des activités. Côté relance de l’activité, le gouvernement veut développer le recours des entreprises à l’actionnariat salarié. Les délais des prud’hommes devront être « considérablement raccourcis ». Manuel Valls veut aller vite et promet que les premiers effets seront ressentis « dès l’été prochain ». Tu parles (NDLR)