Travail du dimanche: pourquoi la droite parisienne soutient Macron et Fabius

D’un tempérament aussi poétique et créatif que Pierre Gattaz, NKM, la plus bobo des filles de famille annonce sans rire la création là, tout de suite de 10.000 emplois en ouvrant le dimanche les magasins du boulevard Haussmann ! Bien sûr….

 
L’Express, 08/12 – Par Sébastien Pommier publié le 08/12/2014 à  16:43, mis à jour à  17:02

Mercredi, le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, présentera en Conseil des ministres son projet de loi sur l’activité. Un texte qui doit entériner le passage dans le commerce à 12 dimanches ouverts par an. Une mesure à laquelle la Mairie de Paris s’oppose. 

     
Le ministre de l’Economie Emmanuel Macron avec son homologue des Affaires étrangères, Laurent Fabius, à la sortie de l’Elysée le 10 septembre 2014.
AFP PHOTO / PATRICK KOVARIK
 
Jeudi dernier, lors de la 21e réunion de la Mission d’information et d’évaluation (MIE) sur la question du travail du dimanche, les élus parisiens sont enfin rentrés "sur le fond du dossier" indique avec ironie l’un de ses neuf membres. La veille, des éléments du rapport de la MIE avait fuité dans la presse montrant le décalage entre la position de la Mairie, contre le travail dominical, et Bercy qui entend "déverrouiller l’économie". 

Au sein de l’Hôtel de Ville, c’est une guéguerre politique qui se trame depuis plusieurs mois. "Au début de la discussion, on sentait la possibilité d’arriver à un consensus, notamment sur certains sites touristiques comme le boulevard Haussmann", explique Valérie Montandon (UMP), membre de la MIE. "Jean-Louis Missika (adjoint d’Anne Hidalgo en charge du développement économique, ndlr) était même favorable à l’ouverture autour de Bercy-Village. Mais la gauche a préféré revenir en arrière. Elle a cédé aux Verts qui y sont opposés, alors que le PRG s’est abstenu", raconte la conseillère de Paris du XIIe, qui voit ainsi dans ce débat "un effet papillon de la Tour Triangle". 

Prise de bec sur les emplois
En face, Bernard Gaudillère, le rapporteur (PS) de la mission mandaté par Anne Hidalgo juste après son élection en juin dernier, explique au Monde s’être appuyé sur "plus de 130 auditions de personnalités, 80 organisations, des élus, des associations professionnelles (…) qui nous ont permis de nous forger une opinion sérieuse". En l’occurrence, l’ancien adjoint aux Finances de Bertrand Delanoë pense "qu’ouvrir un pan entier des commerces parisiens le dimanche aurait des conséquences sociales importantes. Les premiers pénalisés seraient les employés. La très grande majorité sont des femmes et la plupart habitent en banlieue", plaide Bernard Gaudillère. 

Sur le plan économique, les élus-partisans vantent "un millier d’emplois rien que sur les grands magasins et une centaine sur Bercy-Village et dans le quartier chinois". "On a la possibilité, là, tout de suite, de créer plus de 10 000 emplois", a même affirmé Nathalie Kosciusko-Morizet ce matin sur Europe1. La vice-présidente de l’UMP pense ainsi "qu’ouvrir les Galeries Lafayette et le Printemps le dimanche, c’est 130 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’année". Des chiffres que ne confirme absolument pas Bernard Gaudillère, précisant que "les patrons des grandes enseignes concernées (Les Galeries Lafayette et Le Printemps, ndlr) ne nous ont pas fournis de démonstration convaincante, qu’il s’agisse de l’effet sur leur chiffre d’affaires ou de la création d’emplois qui en résulterait". 

Pour trancher, Emmanuel Macron estime pour sa part que "ce sont plusieurs milliers d’emplois qui seront créés à travers une telle mesure". 

Ouvrir le dimanche, un "intérêt national" pour Macron
Reste que c’est bien le gouvernement qui a la main sur l’avenir du travail dominical à Paris. En effet, ce mercredi, Emmanuel Macron présentera son projet de loi sur l’activité où il pourra compter sur le soutien de Laurent Fabius, fervent défenseur de l’ouverture le dimanche dans les zones touristiques. Pour le gouvernement, il en va même de "l’intérêt national sur le plan touristique et économique" comme l’a rappelé le ministre de l’Economie le 16 octobre dernier lors de la présentation des grandes lignes de son projet. 

Pour éviter toute contestation locale, le gouvernement entend procéder par décret afin
de définir les grandes zones touristiques où s’appliquera le droit à ouvrir jusqu’à 12 dimanches par an. Si, d’habitude, c’est au maire de décider des dates d’ouverture, à Paris, le gouvernement souhaite procéder par "un arrêté", histoire de ne pas voir la Mairie entraver la démarche. Cette particularité établie pour la capitale fait ainsi enrager Bernard Gaudillère qui dénonce "le fait que le gouvernement cherche à imposer une tutelle". 

Si l’opposition parisienne n’est pas favorable "à transformer Paris en gruyère" – privilégiant la libéralisation totale – elle se rangera bien volontiers derrière le projet de loi du ministre de l’Economie. "Si on doit passer par un décret, on sera supporters de Fabius et Macron", affirme même Valérie Montandon. Qui l’eût cru? 

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