Les touristes chinois quittent-ils vraiment Paris pour Londres le dimanche ?

Foutaises et Carbistouilles. Ce sont les deux mots qui viennent à l’esprit dans le dossier Travail du dimanche.

Nous avons eu les chiffres délirants du député Mallié, promettant des "dizaines de milliers d’emplois". Le sketche des Champs-Elysées, par Sarkozy. Les sondages bidonnés du JDD. Les chiffres aberrants de M. Macron de Rotschild, nous mettant la pression avec un CA d’Amazon du dimanche qui serait de… 25% ! Les chiffres extravagants du MEDEF, prévoyant de 90 à 300.000 emplois du dimanche. Les affirmations contradictoires des patrons des magasins du boulevard Haussmann. Les délires de NKM. Ceux de Xavier Bertrand. Et c’est sans fin.

Encore une carabistouille, cette fois de M. Fabius, avec ses fameux touristes Chinois qui iraient à Londres acheter le canapé Ikea qu’ils ne peuvente pas acheter le dimanche à Paris : foutaise, d’après les agences de voyage, qui savent vraiment de quoi elles parlent en cette matière.

Il y a des organismes pour tout, en France. Mais il n’existe pas d’organisme qui se chargerait de vérifier la véracité des propos tenus par les uns et les autres, et de les sanctionner, éventuellement, en cas de mensonges publics manifestes et répétés. Dommage. 

L’OBS , Publié le 08-12-2014 à 17h53
 
Le Premier ministre a déclaré que le repos dominical propre à la France entraînait un départ accéléré des touristes chinois, avides de dépenser leur argent ailleurs. Vrai ou faux ?

 
Des touristes chinois posant sur le toit des Galeries Lafayette à Paris, en octobre 2012. (FRED DUFOUR / AFP)
La question a été lancée par Manuel Valls dimanche 7 décembre au JT de France 2, avant qu’il confirme que le projet de loi Macron comprendrait la possibilité de travailler jusqu’à 12 dimanches par an, contre cinq actuellement. 
Pour le Premier ministre, ouvrir davantage de magasins le dimanche, dans des zones ciblées, donnera un coup de pouce à l’économie et à l’emploi.  Mais fallait-il recourir à cette image pour convaincre ? Le repos dominical français pousse-t-il réellement les touristes chinois à assouvir leurs pulsions dépensières outre-Manche ? Pas sûr, à croire les tours opérateurs qui organisent les circuits des Chinois à Paris. 

"Les touristes préfèrent les musées !"
Pour Madame Chen, de l’agence Mandarin Voyage, la fermeture dominicale à Paris n’a aucune incidence sur le bon déroulement du programme. Et pour cause : le tour opérateur organise des voyages de deux semaines, au cours desquelles les touristes visitent pas moins de six pays différents ! Italie, Allemagne, Belgique, Hollande, Suisse puis France… Les voyageurs restent ainsi, en tout et pour tout, trois jours à Paris.
Et Madame Chen est formelle :
"Les gens viennent avant tout pour visiter, et non pour faire les magasins. Nous sommes une agence de voyage, pas de shopping !"
"Les touristes préfèrent faire les musées et visiter les monuments historiques, il y a tellement de choses à voir ! ", affirme-t-elle. Entre le musée du Louvre, la Tour Eiffel, le château de Versailles, Notre Dame de Paris, le Sacré Cœur, le Panthéon et un tour en bateau mouche, peu de temps est aménagé pour le shopping… Les clients qui insistent arrivent néanmoins à dégoter une virée aux Galeries Lafayette.
Et si le séjour compte un dimanche ? "Et bien, nous les y emmenons le samedi ou le lundi", conclut Madame Chen. 
Rome, Munich, Genève… Mais pas Londres
Même topo au China International Travel Service (CITS), qui organise des virées de dix jours dans cinq pays européens. Le touriste passe une à deux journées dans chaque ville : Genève, puis une ville du sud de la France, puis Rome, avant un passage éclair à Munich. Il garde le meilleur pour la fin : Paris, où il reste trois jours pleins.
"Lorsque nous arrivons à Paris, nous avons plus de marge de manœuvre pour modeler notre programme", explique une organisatrice du CITS. Dans cette course contre la montre, trois heures sont consacrées au shopping, sur les Champs-Elysées ou aux Galeries Lafayette. Même si les rideaux sont baissés le dimanche ?
"Ce n’est pas un problème. Nous n’avons qu’à intervertir deux après-midi !" 

En revanche, les deux agences sont formelles : elles ne prévoient jamais d’aller à Londres dans leur itinéraire. L’Angleterre n’étant pas dans l’espace Schengen, celle-ci requiert un visa différent, et "les démarches pour obtenir simultanément les deux autorisations de séjour restent complexes", explique Madame Chen.  

Paris : des boutiques "privilégiées"

L’Angleterre n’a d’ailleurs pas le monopole des emplettes du dimanche. En Espagne et au Portugal, les commerces ne sont presque plus soumis à des contraintes de fermeture dominicale. Pour autant, "ce n’est pas parce que les magasins sont fermés que nos clients chinois vont aller dans une autre capitale européenne dépenser leur argent", explique Claire Mo, qui participe à l’élaboration des circuits touristiques chez Eurasia Tours. 

Les produits français, notamment en matière de cosmétiques, sont privilégiés chez le consommateur chinois."

Hermès, Yves Saint Laurent, Chanel… Selon Claire Mo, les achats de luxe qui n’ont pas été faits &agrav
e; Paris, faute de temps, ne le seront pas forcément ailleurs. Dimanche ou pas. 
Julia Mourri

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