La grande distribution n’est pas contente du projet Macron, et fait savoir sa mauvaise humeur.
Elle proteste parce que les nouvelles dispositions viennent compliquer un dossier déjà troublé par la loi Mallié. Mais surtout à cause des contreparties prévues : la grande distribution aimerait bien contraindre les salariés à travailler le dimanche sans contrepartie, mais pour le momene cette magnifique avancée sociale n’est prévue que pour les entreprises de moins de vingt salariés. En revanche, l’extension du nombre de dimanches ouvrables, ça leur plait.
Nous n’avons qu’une suggestion pour rendre les choses plus claires, plus lisibles, et plus équitables : abroger la loi Mallié et l’amendement Confokea. Comme dit M. Sarkozy, "ça ne coûte pas cher", et cela a été efficace pendant plus d’un siècle…
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INFO E1 – Même le secteur du commerce, pourtant premier gagnant de cette réforme, est très sceptique.
Le projet de loi Macron, censé "déverrouiller l’économie française" et qui doit notamment réformer le travail du dimanche, sera présenté le 10 décembre en conseil des ministres. Mais, avant même son adoption, ce texte fait l’unanimité contre lui : après la colère des syndicats, qui redoute un détricotage du droit du travail, c’est – selon les informations d’Europe 1 – au tour des organisations professionnelles du commerce d’exprimer leur doute. Avec le reproche inverse : à leurs yeux, cette réforme est trop complexe, trop lente et ne va pas assez loin.
Les commerçants y voient une "véritable monstruosité". Sur le papier, la réforme devrait réjouir les professionnels, qui auront plus de facilités pour ouvrir les dimanches. Mais ce texte ne va visiblement pas assez loin aux yeux de l’Union du commerce de centre-ville (UCV), une fédération qui représente de grandes enseignes comme les Galeries Lafayette, le Printemps ou encore le BHV.
"C’est une véritable monstruosité qui pourrait gagner le concours Lépine de la bureaucratie", accuse son président, Claude Boulle, au micro d’Europe 1. "Il est inadapté parce que, effectivement, il pose des conditions administratives et sociales que la majorité des commerces ne peuvent pas remplir. Effectivement, si on n’arrive pas à le corriger, ce texte sera rejeté de manière unanime par la plupart des acteurs sociaux (sic) et professionnels". Mais que veulent donc les commerçants ?
Une réforme jugée trop complexe. Premier reproche adressé par les acteurs du commerce, jeudi, lors de leur rencontre avec le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron : le projet de loi est jugé trop compliqué avec un empilement de zones différentes. La réforme prévoit en effet d’instaurer plusieurs types de zones où le travail le dimanche serait facilité : les zones commerciales, les zones touristiques et les zones touristiques internationales. Une différenciation jugée trop complexe par les professionnels du commerce.
Des contreparties vues comme excessives. Deuxième reproche : cette réforme serait trop contraignante sur le plan social. D’abord car elle oblige à payer les salariés au minimum plus du double d’une journée normale. Et ensuite parce que, dans les sociétés de plus de 20 salariés, il faudra organiser un référendum et obtenir l’accord d’une majorité des salariés.
Et des délais considérés comme trop long. Enfin, le secteur du commerce estime que la réforme ne va pas assez vite. D’après leurs calculs, entre les décrets et la négociation avec les syndicats, l’ouverture du dimanche ne sera possible au mieux qu’à l’été 2016. Les commerçants ne seraient donc pas contre une réforme par ordonnance, un processus accéléré qui permet d’éviter de passer par un débat et un vote à l’Assemblée nationale.
Un point de vue diamétralement opposé à celui des syndicats. Pas sûr que les chefs d’entreprises du commerce obtiennent gain de cause car, en face, les syndicats ont des revendications totalement inverses. La réforme est jugée trop lente par les commerçants ? Les syndicats considèrent au contraire qu’elle manque de concertation. Les contreparties sont jugées excessives dans les sociétés de plus de 20 employés ? Les représentants des salariés estiment au contraire que la réforme devrait les étendre aux petites entreprises. Bref, le gouvernement aura fort à faire pour concilier le point de vue des entreprises, qui jugent cette réforme trop timide, et celui des syndicats, qui dénoncent "un tourbillon libéral".