Solidaires Réunion ulcéré par le projet du gouvernement

 

L’intersyndicale du commerce parisien, le Clic-P, manifeste aujourd’hui contre l’extension des ouvertures dominicales.

Dans son viseur, le projet de loi pour l’activité présenté le 15 octobre dernier en conseil des ministres par Emmanuel Macron, ministre de l’Economie. Celui-ci a notamment annoncé que les magasins non alimentaires pourraient ouvrir cinq dimanches par an sur simple demande et jusqu’à 12 dimanches par an, selon la décision des maires des communes.

Si aucune manifestation n’est prévue ce jour dans notre île, Solidaires Réunion s’empare néanmoins du sujet. Il soutient les syndicats nationaux du commerce contre un projet de loi "écrit avec la plume du Medef" et destiné à "préparer les gens à accepter tout et n’importe quoi".

"Comment peut-on parler de volontariat quand les salaires stagnent et que le pouvoir d’achat recule ?", demande ainsi Pascal Valiamin, délégué régional de Solidaires, balayant le premier argument du patronat.

"C’est presque une obligation pour les salariés dans les situations les plus précaires, souvent des jeunes étudiants et des femmes, employés à temps partiel".

Plus qu’un problème parisien, l’Union syndicale craint une généralisation de la situation à d’autres grandes villes de la métropole, mais aussi peut-être à d’autres territoires, comme la Réunion. Car le ministre devrait également acter la création d’une" zone touristique de dimension internationale à fort potentiel économique".

Derrière ce nom à rallonge : une mesure qui offre aux commerces la possibilité d’ouvrir tous les dimanches et tous les soirs de l’année, selon le syndicat. Si ses contours sont "encore flous", et que cela ne veut "rien dire et tout à la fois", qui sait si la Réunion n’y sera pas intégrée ? Solidaires se pose la question.

"Projet funeste et anti-économique"

Il craint aussi une "dérégulation des temps sociaux" : "le fait d’ouvrir les commerces plus tard va entraîner d’autres professions, les transports en commun par exemple, à suivre le mouvement et on assistera, dans quelques années, à un changement radical de société".

Solidaires a localisé le débat en prenant l’exemple des boutiques de l’opérateur Orange, lesquelles ouvriront désormais leurs portes le 20 décembre, alors que l’usage était jusqu’à présent le contraire.

Autre argument démoli, celui des heures majorées. Le syndicat n’y voit qu’un "coup de bluff", avec la généralisation des ouvertures le dimanche.

"Une fois que tous les magasins seront ouverts, quel sera l’intérêt de payer une majoration aux salariés ?", demande encore le délégué régional, qui parle aussi de compensation dérisoire, (moins de 2 euros par heure) notamment dans le secteur de la distribution.

Le syndicat va plus loin. Il dénonce une "remise en cause du repos dominical" qui menace "de nombreux emplois dans le commerce". Aucune garantie n’est pour l’instant prévue vis-à-vis des entreprises de moins de 11 salariés. La porte ouverte à toutes les dérives, selon Solidaires. "Un patron pourra demain imposer à son salarié de venir travailler le dimanche, sans majoration de salaire", explique Pascal Valiamin, qui y voit là une "attaque au code du travail".

Les propositions d’ouvertures les dimanches ne favoriseraient que les grandes enseignes, d’où "la mort assurée du commerce de proximité en centre-ville", assure aussi Pascal Gonthier, délégué adjoint de Solidaires.

En conséquence, l&r
squo;ouverture dominicale est un "projet de loi funeste et anti-économique, qui va profiter à certains, mais pas à l’intérêt général", termine le syndicat, qui s’est dit prêt à mener des actions contre le travail dominical au plan local.

T.L.

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