Les salariés du commerce disent «non» au travail du dimanche

Près de 1 000 salariés de grandes enseignes parisiennes ont manifesté ce vendredi contre le travail du dimanche alors que le projet de loi sur l’activité doit être présenté mi-décembre.

 
«Mes parents se sont battus pour se reposer le dimanche, on ne peut pas laisser faire»: Béatrice Simon, vendeuse au BHV, a manifesté vendredi à Paris aux côtés de plusieurs centaines de salariés du commerce contre le projet du gouvernement d’assouplir les règles sur le travail dominical.
Sous une nuée de parapluies, il y avait au moins 500 salariés du Printemps Haussmann, 200 des Galeries Lafayette, 200 du BHV et des dizaines de personnels de Gibert Joseph, de la Fnac, du Bon Marché, de Monoprix et de la marque de prêt-à-porter Uniqlo, selon les organisateurs, l’intersyndicale du commerce parisien Clip-P (CGT, SUD, CFDT, CFE-CGC et Seci-Unsa). Ils ont scandé «travailler le dimanche, c’est non, non, non, travailler la nuit, c’est non aussi» ou «augmenter les salaires, pas les horaires». Sur le dos de certains était placardée une affiche : «Ne laissons pas le patronat vampiriser nos vies».

Parti des grands boulevards, le cortège s’est dirigé vers la mairie de Paris, où une délégation a été reçue. La maire de la capitale, Anne Hidalgo (PS), a lancé en juin une mission d’évaluation sur le travail dominical après que Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères également en charge du Tourisme, eut préconisé le classement en «zone touristique d’affluence exceptionnelle» de certains quartiers comme celui du boulevard Haussmann. L’idée étant de permettre l’ouverture des commerces le dimanche.

Le projet de loi sur l’activité, qui sera présenté mi-décembre, prévoit que les commerces non alimentaires puissent ouvrir cinq dimanches par an sur simple demande (et non sur autorisation préalable) et jusqu’à 12 dimanches par an au total. En contrepartie, la compensation des salariés volontaires serait améliorée. «Le gouvernement se fait le porte-parole du Medef et cette manifestation est là pour dire la colère des salariés», souligne Karl Ghazi (CGT), très remonté. Il rappelle «l’offensive» récente du Medef qui a chiffré entre 40 000 et 100 000 le nombre de création d’emplois en plus dans le commerce et la distribution avec l’ouverture dominicale.

«MONTS ET MERVEILLES»
Pour Manon Cordier, vendeuse chez Gibert Joseph boulevard Saint-Michel, «à terme, Paris deviendra une zone touristique en entier». Ce que veut le Medef, «c’est mettre fin aux majorations» puisque dans ces zones, l’employeur n’est pas tenu de donner une contrepartie au salarié. «On fait croire aux gens monts et merveilles. Contrairement aux arguments avancés par le gouvernement, le travail le dimanche ou de nuit ne sera pas créateur d’emplois», s’énerve Françoise Ruotte, employée aux Galeries Lafayette. Elle dit déjà travailler «régulièrement en sous-effectifs».

De son côté, Houman Ahmadi, inspecteur de sécurité à la Fnac, déplore des effectifs qui «ont baissé sur Paris de plus de 800 personnes» en quelques années. «Nous sommes déjà en souffrance au quotidien, alors travailler encore plus de dimanches…», lâche-t-il, dépité. «Nous sommes largement un bon millier à défiler ce qui est un exploit pour le commerce», assure Eric Scherrer (Seci-Unsa). Dans le secteur, «il y a 70% de contrats à temps partiel» et «du coup, débrayer, c’est compliqué, chaque heure compte».

Si la manifestation était «une vraie réussite» pour les syndicats, ils sont sortis «peu réjouis» de leur réunion avec Olivia Polski, élue de la mairie de Paris en charge du commerce, de l’artisanat, des professions libérales et indépendantes. «Le prochain Conseil de Paris qui pourra examiner les propositions de la mission sera en février, il y a des chances que d’ici là le gouvernement ait suffisamment avancé», craint Karl Ghazi (CGT).

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