Travail du dimanche : l'hypermarché Leclerc renonce à l'ouverture

La Dépèche, 23/10/14

L’hypermarché de Roques a décidé hier d’arrêter d’ouvrir le dimanche matin. Plusieurs syndicats se préparaient à manifester pour s’opposer au travail dominical.

Coup de théâtre hier soir. L’hypermarché Leclerc de Roques-sur-Garonne a annoncé qu’il arrêtait d’ouvrir ses portes le dimanche matin comme il le faisait depuis la mi-septembre. En décidant d’ouvrir, le patron de l’enseigne avait jeté un pavé dans la mare dans ce long et épineux dossier. En juin, la justice avait autorisé super et hypermarchés à ouvrir le dimanche, faisant voler en éclat l’accord historique sur la fermeture (lire encadré). Près de 60 % des quelque 220 supermarchés de la Haute-garonne auraient profité de cette possibilité. Du coup, le président du Leclerc, Pascal Payraudeau, expliquant qu’il était soumis à une concurrence accrue, avait ouvert à son tour tout en demandant le retour à une fermeture pour tous.

Manif dimanche ?

«L’hypermarché Leclerc Roques a toujours été favorable au repos dominical et milite pour une réglementation régissant les ouvertures du dimanche matin pour éviter toute concurrence déloyale», indique Pascal Payraudeau dans un communiqué en annonçant une concertation «entre les différents acteurs représentatifs de la profession au niveau départemental».

Mais, on le sait, un des acteurs de la grande distribution, la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), est pour l’ouverture. C’est elle qui a obtenu la décision de justice. Et le consensus ne paraît pas plus facile aujourd’hui qu’hier… Entre-temps, la future loi sur la croissance, qui prévoit d’étendre à douze dimanches la possibilité d’ouvrir toute la journée, aura peut-être changé la donne.

Depuis qu’il ouvrait, le patron du Leclerc Roques a-t-il reçu des injonctions de l’Inspection du travail pour fermer ? Les syndicats le disent. Hier, la Direction du travail n’a pas donné suite à nos appels. Côté syndicats de salariés, que nous avons contactés avant la décision du Leclerc, la riposte se préparait. La CGT et FO avaient décidé d’organiser une manifestation devant l’enseigne dimanche. «On ne résout pas la question de l’emploi par le travail du dimanche mais en augmentant le pouvoir d’achat et donc les salaires», estime Cédric Caubère pour la CGT. «Tous les hypers vont faire la même chose», redoute Martine Saint-Cricq, secrétaire de la fédération alimentation FO. La CFDT devait se décider aujourd’hui. Pour Laurent Jeudi (CFDT des services), «le repos hebdomadaire doit rester la norme.»

La fin d’un accord «historique»

Le 19 juin dernier, lorsque le tribunal administratif de Toulouse, précédé déjà par des années de bataille judiciaire, casse l’arrêté préfectoral qui impose à tous les commerces alimentaires de plus de 400 m2 (super et hyper) de fermer le dimanche matin, il met fin à une longue idylle au sein de la profession. Depuis plus de vingt ans, les cinq organisations syndicales représentatives mais aussi les syndicats patronaux signent chaque année un accord pour limiter les ouvertures exceptionnelles à deux dimanches et trois jours fériés. Un accord «historique», selon les signataires. Fort de ce consensus, le préfet avait décidé la fermeture des super et hyper le dimanche matin. Objectif des divers acteurs : limiter la concurrence et respecter le repos dominical. C’était sans compter sur un des acteurs de la grande distribution, la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), qui a réclamé -et donc obtenu- la possibilité d’ouvrir. Voilà la situation actuelle. C’est dans ce contexte que les négociations en vue d’un nouvel accord vont s’ouvrir ce mardi 28.

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