Si l’on ne retenait que le point particulier du travail du dimanche et de la concurrence d’Internet, la conférence de presse d’Emmanuel Macron ferait la preuve d’une effarante incompétence.
Voici ce que dit le ministre : « Ce monde de l’internet c’est celui d’Amazon. Dans le monde d’Amazon, il y a un quart du chiffre d’affaires qui est fait le dimanche. Alors il ne faut plus regarder la bagarre des commerces de centre-ville et des grands commerces à l’extérieur, il faut juste regarder si l’on veut défendre le commerce et l’emploi en France, ou décider qu’on le laissera à des grands groupes étrangers qui opèrent sur internet et qui paient moins d’impôts en France que celles et ceux que parfois on n’autorise pas à ouvrir. C’est cela la réalité des choses. Les Français le dimanche, ils vont sur Amazon quand ils ne vont pas dans un magasin. » D’abord, les chiffres. Nous sommes prêts à parier son biberon avec M. Macron que le CA d’Amazon réalisé le dimanche n’est pas de 25%. Jusqu’à ce qu’il ait fourni la source de cette affirmation, nous considérons que c’est n’importe quoi. M. Macron laisse entendre que les emplois qui découleraient de ce travail du dimanche sont créés à l’étranger ? Il n’a sans doute jamais commandé un livre sur Amazon, sinon il saurait que ce livre est parti d’un entrepôt français, où travaillent des employés français. Il saurait ensuite que ce livre, qu’il a commandé un dimanche sur un site Internet qui ne nécessite pas de travail humain pour fonctionner, lui a été envoyé un lundi. Et M Macron saurait qu’Amazon est un destructeur d’emploi : à chiffre d’affaires équivalent, Amazon.fr compte cinq fois moins d’employés que la Fnac dans l’Hexagone (Challenge). Un simple un simple coup d’oeil sur sa fiche Wikipedia l’aurait renseigné sur les conditions de travail des salariés, souvent dénoncées. M. Macron a en face de lui une énorme entreprise, dont la stratégie consiste à vendre quasiment à perte pour prendre des parts de marchés et construire un monopole sur la culture, et qui perd actuellement de l’agent pour cela (Nouvelle perte nette de 94 millions d’euro au 2° trimestre 2014 ). M. Macron a en face de lui un champion de l’évasion fiscale, qui maîtrise apparemment beaucoup mieux que les mécanismes qui permettent de diminuer la pression fiscale exercée par son propre ministère. Et tout ce que M. Macron propose face à Amazon, c’est de faire travailler les libraires le dimanche… |