Au Portugal, c’est chose faite ! La Toussaint n’est plus jour férié. En France, sous les coups de boutoir des seules grandes enseignes, la braderie des temps non marchands, objets de tant de convoitises, commence à son tour. Dimanches des vacances de la Toussaint, 1er et 11 novembre, tout est bon à prendre. À preuve, la dernière page du Parisien arborant sa promesse de réduction le week-end dernier : 15% de remise pour 100 € d’achat à qui se déplaçait chez Castorama les vendredi 24, samedi 25 et… dimanche 26. Quant à Carrefour, après Intermarché et Auchan, des sites supposés de bons plans annoncent avec gourmandise l’ouverture « exceptionnelle » de ses magasins les 1er et 11 novembre.
Ces remises du dimanche doivent nous faire réfléchir. Depuis quelques années, elles fleurissent : parking gratuit le dimanche, 15€ de remise le dimanche, 50% de remise sur les jouets de Noël achetés l’un des dimanches de décembre. Mais rien n’est gratuit ! Bien souvent, quand il y a réduction ou gratuité, le produit, c’est le consommateur lui-même ! Nous ne citerons pas les enseignes mais dans ce domaine de l’appât, elles se valent toutes dans leur propension à imaginer et à organiser à grande échelle ce qui peut ferrer le client, seules à pouvoir ordonner l’offensive de cette manière si belliqueuse. Allons-nous céder et nous laisser acheter, enterrant les jours fériés les uns après les autres ? Contrairement à ce qui est asséné, il n’est pas vrai que la France soit en tête des nations par le nombre de ses jours fériés.
Les réductions, orchestrées par les grands médias, si décevantes soient-elles, nous donnent malgré tout confirmation d’un argument juste et bon que les opposants au travail le dimanche avancent depuis longtemps. La consommation du dimanche, comme celle de nuit, n’existe pas. Elle est à créer de toutes pièces. Les petites parts de marché existantes ce jour-là, tenues par les petits commerces, doivent être captées et augmentées. D’où ces promotions de tous ordres avec lesquelles ces derniers ne peuvent rivaliser. Et ce n’est, sans doute, qu’un début, le projet de loi pour l’activité s’annonçant pour la fin de l’année. Une dérégulation inouïe ! Raison pourquoi il faut résister à ces offres vénales pour la déconstruction sociale et humaine qu’elles signifient. H.B.
Lire, pour aller plus loin, deux articles de fond remarquables, en arrière-plan de cette question du travail le dimanche, la nuit, les jours fériés :
· Sur le site du Monde (article payant) « Au Royaume Uni, les damnés des « zero hour contracts »(Les ZHC ne garantissent aucune heure de travail aux salariés)
· Sur le site de La Tribune « Travail : l’automatisation en question »