Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Vous savez très bien qu’en fonction de la façon dont on pose une question, il est assez facile d’orienter la réponse. Par exemple, si je vous demande si vous seriez prêt à travailler le dimanche si c’est la seule possibilité pour vous de trouver un boulot… alors 90 % des sondés risquent fort de dire « oui » car nous avons tous besoin (et pas forcément envie) de travailler.
Le débat sur le travail dominical en France est une escroquerie intellectuelle et une crétinerie économique qui confine évidemment à la fausse promesse.
Pourquoi vous reparler aujourd’hui du travail le dimanche ? Tout simplement parce que vous allez le constater très rapidement, ce sujet va refaire surface avec une belle offensive du Medef sur ce thème et une « réforme » phare pour le nouveau ministre de l’Économie Macron ainsi que la volonté de donner des gages de réformes dites « structurelles » à nos gentils amis du FMI et de la Commission européenne qui ne sont pas là pour veiller à l’intérêt des peuples mais à la rentabilité des grandes multinationales.
Le totalitarisme marchand
Nous vivons dans une période de totalitarisme marchand. Sans l’idéologie « communiste » (qui fut un échec, telle n’est pas la question) pour servir de doctrine alternative et donc de contre-pouvoir, le capitalisme ne pouvait que renouer avec ses mauvaises habitudes qui avaient d’ailleurs mené à la crise de 1929. Toujours plus de dettes, toujours plus de finance, de spéculation et d’accumulation des richesses dans des mains à chaque fois de moins en moins nombreuses.
Ce totalitarisme marchand, qui est en pleine expansion sous vos yeux, vise à détruire tous les acquis sociaux (sous prétexte de compétitivité). Mais il veut également aller bien au-delà en faisant également baisser les salaires, en privatisant l’ensemble des secteurs économiques, rien ne doit pouvoir échapper aux marchés.
Marx parlait à très juste titre du « salaire de subsistance » qui est le montant minimum permettant aux gens de tout juste survivre. Les capitalistes n’ont pas besoin de nous verser plus qu’un salaire de subsistance et lorsque vous regardez ce qui se passe en Grèce, en Espagne, en Italie, bientôt en France, alors nous devons tous comprendre que l’idéologie du travail le dimanche n’est rien qu’une petite bataille dans une immense guerre faite aux intérêts des peuples. Nous avons été prospères parce qu’il y avait un partage des richesses. Nous serons prochainement tous pauvres car ceux qui encaissent la richesse (pas forcément ceux qui la créent) ne souhaitent plus les partager équitablement puisque plus rien ne les y contraint.
Le travail dominical est déjà une réalité pour des millions de Français !
Revenons, après cette digression au sujet du totalitarisme marchand, sur le travail dominical qui est une réalité pour des millions de Français qui pratiquent un métier où il y a ce que l’on appelle « la continuité de la vie sociale ».
Hôpitaux, trains, polices, services de secours, restauration, hôtel, autant de secteurs qui fonctionnent 24h/24h, 365 jours par an… y compris avec des fonctionnaires ! Le travail le dimanche est donc une réalité profondément ancrée dans notre vie et nous en avons besoin. Pour autant, le travail le dimanche doit-il être étendu ?
La réponse est humainement non, et nous verrons qu’économiquement cela ne change pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout.
Humainement, cela veut dire que si l’on travaille le dimanche, alors il faut aussi prévoir des modes de garde pour les enfants le dimanche, ouvrir les crèches et les centres de loisir, il faut accepter la disparition du lien social unissant les familles et la possibilité d’un temps partagé pour se retrouver ensemble. Ce temps, qui pour certains peut être religieux et qui pour l’immense majorité sera consacré à emmener les enfants jouer au foot ou à la piscine, ou simplement faire du vélo.
Travailler plus, pourquoi pas mais franchement… pour quoi faire ? Gagner plus ? Je suis navré de devoir l’écrire mais gagner plus n’est pas une fin en soi, l’accumulation d’argent lorsque cela devient compulsif révèle plus un problème de stabilit&e
acute; psychologique et une faille de personnalité qu’une valeur morale supérieure. Alors pour quoi faire, tout en sachant que l’écrasante majorité, les 99 % que nous sommes, ne sera jamais millionnaire et encore moins milliardaire.
acute; psychologique et une faille de personnalité qu’une valeur morale supérieure. Alors pour quoi faire, tout en sachant que l’écrasante majorité, les 99 % que nous sommes, ne sera jamais millionnaire et encore moins milliardaire.
Travailler pour vivre certes, mais pas forcément vivre pour travailler.
Enfin, et c’est essentiel, le travail le dimanche n’a rien à voir avec la compétitivité de notre pays pour la simple et bonne raison qu’il concerne avant tout les commerces et les magasins qui vendent leurs produits ici, dans notre pays. Ce débat n’a rien à voir avec les délocalisations ou l’industrialisation de la France.
Ouvrir ou pas le Bricomachin de la zone de Tintouin-les-oies ne changera rien à la compétitive globale de notre pays.
Internet versus magasin
Le véritable enjeu pour les commerces en réalité c’est la lutte contre les ventes en ligne. Ce qui est bien en ouvrant le dimanche, c’est que les magasins vont tabler et viser les achats d’impulsion, l’achat immédiat, celui qui ne peut pas attendre, que ce soit un pot de peinture, l’encaissement d’un chèque dans votre agence bancaire qui finira par être ouverte le dimanche, jusqu’à l’achat de votre dernière tablette Apple que vous voulez là, maintenant, tout de suite.
Pourtant, là encore, il est indispensable de rappeler la dimension humaine de l’homme. L’homme ne doit pas être réduit à sa dimension de consommateur. L’homme n’est pas qu’un consommateur. De la même façon nous ne devons pas accepter que la perception de notre liberté ne soit réduite qu’à la liberté de consommer.
La consommation c’est la négation de l’homme et de sa dimension humaine, de sa capacité d’intelligence et de création. L’homme est capable de gratuité, de courage et d’abnégation. Il est capable de générosité et de dons. Ce sont ces valeurs-là que nous devons encourager, pas celles qui se développent actuellement et qui ne peuvent qu’aboutir à notre asservissement le plus complet.
Il faut donc maintenir un temps de consommation réduite où les individus doivent pouvoir faire autre chose que de se rassembler une fois de plus dans ces temples modernes et sans âme que sont les super et les hyper-bidules, immenses hangars de zones périphériques aussi laides que déprimantes.
Ouverture dominicale : premier bilan mitigé chez Bricorama
Et justement, toute cette histoire du travail dominical apparaît bien de plus en plus comme une escroquerie à la croissance économique. Cela va créer de l’emploi, on ne peut pas se passer d’emploi actuellement, et donc cette remarque justifierait tout, même l’injustifiable.
C’est en tout cas ce que montre cet article de France Info où globalement, malgré le travail et l’ouverture le dimanche, le chiffre d’affaires de Bricorama prend une claque… Le bilan est mauvais. Et l’exemple de Bricorama, fer de lance pour le travail dominical, montre bien qu’il n’y a aucun lien systématique. À ce rythme, Bricomachin finira par faire faillite et à licencier tout le monde, y compris ceux qui bossent le dimanche.
Économiquement, ceux qui ont 100 euros de pouvoir d’achat disponible dépenseront 100 euros. Peu importe qu’il le fasse en 1 fois 100 euros le dimanche à 15h ou en 5 fois 20 euros du lundi au vendredi dans les heures d’ouverture traditionnelles de 9h00 à 19h00. Ils dépenseront 100. Assureront 100 euros de CA et pas un de plus. Lorsque tout le monde sera ouvert le dimanche, ce sera, pour toutes les entreprises, un jeu à somme nul (ce qui n’est pas le cas si je suis le seul ouvert le dimanche).
Macro-économiquement, le travail dominical ne peut être que marginal. En terme de création d’emplois, on déplacera juste les effectifs. Presque personne les lundi, mardi, mercredi et jeudi et tout le monde sur le VSD (vendredi, samedi, dimanche)… Voilà la réalité évidente, mais nous aurons déstructuré un peu plus la société et fait un pas de plus vers encore davantage d’avilissement à la consommation.
Le bonheur ne réside pas et ne peut pas résider dans la consommation. L’homme est un « animal » social et il a besoin de l’autre.
Préparez-vous et restez à l’&
eacute;coute.
eacute;coute.
À demain… si vous le voulez bien !!