La boulimie des intérêts commerciaux ne connaît plus de bornes : devant les appétits mercantiles des enseignes, le Sénat va carrément modifier le droit local d’Alsace-Moselle.
Ouest France Lundi 28 juillet 2014 19:15
La justice a ordonné lundi à un supermarché du Bas-Rhin de fermer les dimanches et les jours fériés, en mettant en avant le respect du droit local.
Le juge des référés de la chambre civile du tribunal de grande instance de Saverne (Bas-Rhin) a sommé ce supermarché de Wingen-sur-Moder (nord-ouest de Strasbourg) de fermer les dimanches et jours fériés, sous peine d’une astreinte de 10 000 euros par infraction constatée.
Cette enseigne, propriété de la SAS « Carrefour Proximité France », avait été assignée par une association de commerçants locaux, le « groupement commercial du Bas-Rhin ».
Dans son délibéré, le tribunal de Saverne a aussi jugé recevable la plainte de plusieurs syndicats d’employés, qui pourront prétendre à une indemnité.
Carrefour fait appel de la décision
Le groupe Carrefour a indiqué lundi soir qu’il faisait appel de cette décision. Le géant de la distribution a souligné que « l’enseigne n’est pas l’exploitant du magasin » alsacien en question, lequel est géré par un « commerçant indépendant ».
Un droit local plus strict…
Le droit local hérité de la période d’annexion allemande (1870-1918) impose dans les deux départements alsaciens et dans celui de la Moselle un principe de fermeture le dimanche, n’autorisant des dérogations que sous conditions.Depuis l’année dernière les magasins de proximité de petite surface sont toutefois autorisés à ouvrir trois heures le dimanche matin dans le Bas-Rhin.
Ailleurs en France le principe est également celui du repos dominical, mais avec un système de dérogations bien plus large pour les commerces alimentaires.
…Qui a tendance à s’assouplir
Dans le département lorrain de la Moselle, la préfecture autorise depuis le 16 juillet les commerces d’alimentation générale d’une surface de vente inférieure à 120 m² à ouvrir les dimanches et jours fériés pendant un maximum de cinq heures le matin.
Le 19 juin, le Sénat a adopté en première lecture une proposition de loi visant à réformer le droit local d’Alsace-Moselle.
Ouest-France