=Selon une étude britannique, travailler de nuit non seulement joue sur le sommeil mais affecte également notre ADN. L’organisme humain est prévu pour fonctionner selon un rythme circadien divisé en deux phases : une activité de jour et un sommeil réparateur la nuit. Bouleverser ce fonctionnement entraîne des modifications hormonales avec des retentissements sur l’humeur, la température corporelle et les fonctions cérébrales. Mais cela affecte aussi plus profondément l’organisme.
Dans une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, des chercheurs britanniques se sont intéressés aux « influences du décalage horaire ou du travail de nuit sur le fonctionnement de nos gènes ». Ils ont ainsi mené une recherche auprès de 22 hommes et femmes en bonne santé chez qui ils ont retardé l’heure du coucher de quatre heures trois jours d’affilée. Des gènes perturbés En parallèle, ils ont réalisé chaque jour des tests sanguins afin d’évaluer l’activité de leurs gènes, avant et après les changements réalisés. Les analyses menées ont révélé qu’en cas de rythme de sommeil « normal », 6% des gènes étaient programmés pour être plus ou moins actifs à certains moments de la journée. En revanche, lorsque ce rythme est perturbé (lorsque les volontaires travaillaient de nuit), cette programmation de l’ADN était bouleversée. « En fait, inverser le cycle de sommeil provoque des ravages au plus profond de l’ADN », estime Simon Archer, du centre de recherche sur le sommeil de l’Université de Surrey. « Plus de 97% des gènes impliqués dans la régulation des rythmes biologiques étaient désynchronisés avec un sommeil inadapté », précise-t-il repris par TopSanté. D’après lui, c’est ce qui expliquerait pourquoi on se sent si mal en cas de décalage horaire ou si nous devons travailler selon des horaires irréguliers. Un « chaos génétique » Cet impact est d’autant plus important que « les premiers effets se font ressentir rapidement », souligne le chercheur. En effet, les chercheurs ont été surpris de l’importance de la rapidité et de la sévérité des dommages causés par le fait de rester éveillé la nuit. « Ceci nous porte à croire qu’après plusieurs semaines à ce rythme, c’est à un véritable chaos génétique que l’on doit assister ». Ces résultats viennent compléter d’autres études qui montraient à quel point travailler de nuit était néfaste pour l’organisme et avait un retentissement direct sur la glycémie (avec les risques de développer un diabète de type 2 que cela implique). Ces recherches montraient aussi que le travail nocturne favorise la prise de poids, augmente les risques d’infarctus et double le risque de développer un cancer du sein. Comme le rappelle le Pr Derk-Jan Dijk, qui a participé à l’étude, chaque tissu du corps possède son propre rythme et avec un décalage, cela affecte aussi bien le rythme propre du cœur que celui des reins ou du cerveau. C’est un « chrono-chaos », a t-il expliqué à la BBC, « c’est comme vivre dans une maison. Il y a une pendule dans chaque pièce de la maison et dans chacune de ces pièces les horloges sont perturbées, ce qui, bien entendu, mène au chaos dans le foyer ». Ainsi, « nous estimons que ces changements de l’expression génétique des rythmes ont des conséquences sur la santé à long terme », a ajouté le chercheur. Néanmoins, il a souligné que leurs travaux était une étude à court terme et que les conséquences durables étaient incertaines.
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