Dans la série propagande, voici une interview intéressante : elle est anonyme, tout au plus sait-on qu’il s’agit du « porte parole » des bricoleurs du dimanche, groupement informel payé par les enseignes de bricolage. Et l’argumentaire est tellement marketé que je vous parie mes deux prochains week-ends qu’il vient tout droit des Ateliers Corporate. On parie ?! |
La cour d’appel de Paris a autorisé ce mardi les enseignes de bricolage Leroy Merlin et Castorama à rouvrir leurs magasins en Ile-de-France le dimanche. Le 26 septembre, le tribunal de commerce de Bobigny avait en effet condamné les deux enseignes à fermer quinze de leurs magasins franciliens, à la suite d’une plainte de Bricorama.
Bricorama a finalement été débouté par la Cour d’Appel de Paris. Le référé prononcé fin septembre à Bobigny imposait à Castorama et Leroy Merlin de fermer 15 de leurs magasins franciliens le dimanche sous peine d’une astreinte de 120 000 euros par magasin et par dimanche d’ouverture. Une dernière étape attend, malgré tout, les deux enseignes : une autre audience sur le fond de l’affaire, est d’ores et déjà prévue le 22 novembre à Bobigny. Etaient concernés les Castorama de Ballainvilliers, Fresnes, Créteil, Villetaneuse, Montgeron-Vigneux-sur-Seine et Villabé et les Leroy Merlin de Massy, Sainte-Geneviève-des-Bois, Chelles, Collégien, Rueil-Malmaison, Livry-Gargan, Gennevilliers, Vitry-sur-Seine et Ivry-sur-Seine.
Le collectif de salariés «Les Bricoleurs du dimanche» avait annoncé son intention, quelle que soit la décision de la cour d’appel ce mardi, d’aller manifester mercredi sous les fenêtres du ministre du Travail, Michel Sapin, pour lui demander « de signer le ‘décret Bricolage’ permettant à tous les salariés du bricolage en Ile-de-France de travailler sereinement chaque dimanche, comme les jardineries et les magasins d’ameublement ». Que pense-t-il aujourd’hui de cette décision de justice ? Entretien avec le porte-parole du collectif.
JOL Press : Quelle a été votre réaction à la décision de la Cour d’Appel ?
Pour nous, c’est plutôt un soulagement parce que de nombreux magasins auraient été en difficulté à partir du week-end prochain, les fermetures allaient commencer. C’était vraiment anxiogène pour nous. Aujourd’hui on aborde cette question de façon beaucoup plus sereine. Mais n’oublions pas que cette décision ne résout pas le problème : le jugement de fond est plaidé le 22 novembre et c’est là que tout va se jouer. Si on n’a pas les autorisations qu’il faut et que le tribunal nous dit qu’il faut fermer, on sera obligé de le faire.
JOL Press : Quelles vont être les conséquences de cette décision ?
Cette décision n’est qu’un sursis qui nous permet uniquement d’ouvrir jusqu’au 22 novembre. Le seul qui a la possibilité de faire évoluer les choses c’est le ministre du Travail. Seul Michel Sapin peut faire en sorte que nos enseignes aient les mêmes statuts que les magasins d’ameublement et de jardinerie, afin qu’on puisse tous travailler. C’est pour cette raison que nous organisons ce mercredi une manifestation devant le ministère du Travail.
JOL Press : Quelles sont vos principales revendications ?
Nous voulons simplement que le mot bricolage soit ajouté au décret qui gère l’ameublement, pour tous les magasins de bricolage même ceux de Bricorama. Nous appelons tous les salariés qui travaillent dans des enseignes de bricolage à nous rejoindre. Mais pour autant on ne fait pas l’apologie du travail du dimanche, on ne demande pas à la France entière de se lever le dimanche, on parle juste de la spécificité des magasins de bricolage en Ile-de-France.
JOL Press : Le gouvernement est-il prêt à évoluer sur ces questions-là ?
On ne sait pas trop quoi penser. On a eu des entretiens dans les ministères et à chaque fois on nous dit que le dossier était très compliqué, qu’on était sur un débat sociétal plus que politique, mais on a tout de même l’impression que le gouvernement est coincé entre l’évolution qu’on doit donner à ce dossier et un blocage idéologique, alimenté par les syndicats. En tout cas, aujourd’hui, il y a vraiment une ouverture pour pouvoir légiférer une bonne fois pour toute. Et je pense honnêtement que, dans la société dans laquelle on vit, on a les clés intellectuelles et juridiques pour sortir de cette situation, pour la clarifier, pour que les volontaires puissent travailler sereinement et pour que ceux qui le veulent puissent rester chez eux.
JOL Press : Que dîtes-vous aux syndicats qui tentent de bloquer toute évolution sur la question ?
On ne sait plus quoi leur dire aux syndicats, ils nous traitent de tous les noms. On aimerait bien qu’ils viennent nous défendre, discuter avec nous, ils sont dans une position complètement dogmatique qui est confortable parce qu’il nous disent que la loi, ils vont pas nous aider à la changer. C’est dommage parce qu’en tant que salariés, on aurait voulu trouver une oreille beaucoup plus attentive de la part des syndicats. S’ils faisaient preuve de bonne volonté pour faire avancer les choses, on pourrait arriver à trouver une solution où tout le monde se retrouve.
Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press