La Justice vient, ce dernier, d’autoriser Leroy-Merlin et Castorama à réouvrir ses magasins, après que cette même Justice les eut précédemment condamnés à fermer, condamnation dont les intéressés s’étaient publiquement moqué. Situation apparemment ubuesque, il ne pouvait cependant pas en être autrement en droit. En effet, Bicorama est réellement soumis à une situation de concurrence déloyale, préjudice qu’il convenait de faire cesser. Mais par ailleurs, depuis la loi Mallié, cette concurrence déloyale est, paradoxalement, légale. Jean-Claude Bourrelier, PDG de Bricorama, exprime ainsi son écoeurement : « Moi, je demande que nous soyons tous traités de la même manière. Tous fermés, tous ouverts, mais tous égaux. » Et nous pensons qu’il a raison. Car la loi Mallié instaure des zones de non-droit, les PUCE, basées sur le secteur professionnel, et la zone géographique, qui sont discriminatoires. La restriction par secteur ne tient pas : pourquoi serait-il légal d’aller acheter un canapé ou une plante verte, et illégal d’aller acheter un marteau, un livre, ou un tube d’aspirine ? C’est ce qu’ont bien compris la FNAC, la SNCF, ou les pharmacies discount de Roissy et Torcy, qui veulent faire travailler leurs salariés le dimanche. Et la restriction par zone géographique est tout aussi absurde : au nom de quoi serait-il interdit d’acheter un marteau sur le côté droit des Champs Elysées, et pas sur le côté gauche ? C’est pourtant ce qui arrive à Bricorama, contraint de fermer ses magasins alors qu’à quelques centaines de mètres, les magasins de ses concurrents sont ouverts. Pour faire cesser ce désordre, honteusement orchestré par des sociétés de communication à la solde des grandes enseignes, instrumentalisant leurs salariés, le préalable est l’abrogation pure et simple de la loi Mallié, le retour à la liberté de tout non-salarié de travailler le dimanche s’il le souhaite, et l’obligation pour tout employeur, quel que soit le secteur et la zone, de laisser libre le dimanche pour tous les salariés. Tout le monde à la même enseigne. Etienne NEUVILLE |