Le travail du dimanche détruit l'emploi

On se souvient des « centaines de milliers d’emplois » promis par le député Mallié, doc Carabistouille pour les intimes. Chiffre repris dans les médias depuis quelques temps, action de communication à laquelle les Ateliers Corporate ne sont probablement pas étrangers.

Or ce chiffre serait une extrapolation d’une étude américaine datant de … 20 ans !!!

Plus près de nous, une étude italienne annonce que suite à la libéralisation de 2012, 90.000 postes ont été perdus dans la péninsule. En France, l’étude du CREDOC, elle, prédit entre 7 et 16.000 postes supprimés, sauf si le taux d’épargne remontait, et si les touristes consommaient plus. Avec des si…

Libération, 4/10

Ouvrir les magasins le dimanche pourrait générer, de façon circonscrite, quelques emplois. A condition que la consommation soit de la partie.

L’ouverture des commerces le dimanche serait-elle créatrice d’emplois ? Depuis plusieurs jours, le chiffre de 100 000 postes générés par la fin du repos dominical ne cesse de circuler. Un chiffre qui résulte en réalité d’une étude réalisée aux Etats-Unis il y a plus de 20 ans, et qui conclut qu’une restriction du travail le dimanche conduit à un «coût», en terme d’emplois, estimé entre 2% et 6%. C’est la fourchette haute qui a été retenue et appliquée au 1,8 million de salariés du secteur du commerce de détail en France pour aboutir, à l’inverse, à 100 000 créations d’emplois dans l’Hexagone en cas d’assouplissement de la législation.

Semblable étude au Canada conclut à un gain en emplois compris entre 3% et 12%, mais, de façon étonnante, sans que le volume de vente ne progresse. A contrario, selon Les Echos, la libéralisation en Italie depuis le 1er janvier 2012 a conduit, selon la fédération patronale Confesercenti, à la fermeture de 32 000 entreprises et à la perte de 90 000 postes de travail.

En France, le plus récent des travaux est celui réalisé par le Crédoc (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). Selon l’étude, dans le seul secteur alimentaire, une plus grande ouverture des commerces le dimanche aboutirait, selon les scénarios, à la destruction de 6 800 à 16 200 emplois, en fonction du nombre de grandes surfaces décidant d’ouvrir le dimanche. Et ce, essentiellement parmi les petits commerces, dont la productivité est moindre que les grandes surfaces. Dans le secteur non alimentaire, l’effet dit de «cannibalisme» sur les petits commerces aboutirait à 5 400 suppressions de postes.

Mais en intégrant un éventuel effet d’«exposition à l’offre» plus large des consommateurs (qui ne joue pas pour l’alimentaire), le Crédoc considère qu’au final, 14 800 emplois pourraient être générés par une libéralisation de l’ouverture dominicale. A condition, néanmoins, que le taux d’épargne diminue de 0,3 point et que les touristes consomment plus qu’aujourd’hui. Un solde positif qui, comme les destructions dans l’alimentaire, serait d’«une amplitude très limitée» comparée aux quelques 2 millions de salariés du secteur, selon le Crédoc. Et loin, quoiqu’il en soit, des 100 000 emplois évoqués.

Luc PEILLON

Laisser un commentaire