20 Minutes, le 20/11/2013 à 09h20 — Mis à jour le 22/11/2013 à 07h57
EMPLOI – Clic-P s’élève depuis trois ans contre le travail dominical et le travail après 21h…
Travail le dimanche, travail le soir, autant de polémiques et de décisions de justice que l’on doit au Clic-P, le comité de liaison intersyndical du commerce à Paris. Cet organisme, initialement composé de la CGT, CFDT, Seci-CFTC, FO, SUD a vu le jour début mars 2010, mais depuis juin 2013, la CFTC et FO ont quitté l’intersyndicale. Ces syndicats se sont réunis quelques mois après l’adoption de la «loi Mallié», du nom d’un député UMP des Bouches-du-Rhône qui l’avait défendue, accordant de nouvelles possibilités aux commerces de détail pour accueillir les clients le dimanche.
Clic-P est devenue en trois ans la bête noire des supérettes de la capitale(Franprix, Monop’, Carrefour City, G20), puis des grandes enseignes comme Bricorama, Sephora, Uniqlo, Apple Store qu’il a réussi à faire condamner par la justice pour non-respect des horaires d’ouverture le soir ou le dimanche. Résultat: des nouveaux horaires de fermeture de magasins, des amendes et des représentants du personnel souvent mécontents.
Salariés en colère
Le Clic-P a ainsi été la cible de vives critiques de la part de certains salariés, dits volontaires, visés par ces restrictions d’horaire, en particulier d’une partie du personnel du magasin Sephora sur les Champs-Elysées. Les salariés reprochent à l’intersyndicale d’être à l’origine d’une décision judiciaire qui les empêche aujourd’hui de travailler après 21h et qui représente pour eux une «perte de salaire net». «On ne comprend pas la décision de la cour d’appel, nous demandons juste de pouvoir continuer à travailler», a affirmé lors de l’audience Olivier Martin, porte-parole de la CFTC, premier syndicat chez Sephora.
Le représentant CGT du Clic-P, Karl Ghazi, interrogé par 20 Minutes, rappelle que le volontariat, sur lequel se basent les horaires du soir ou du dimanche, est une conséquence de la loi de marché et pose problème pour l’intérêt collectif de l’ensemble des salariés. «Le volontariat est un problème de fond du droit du travail.» Et d’ajouter: «Certains salariés sont en contradiction avec nous car les employeurs utilisent la peur du chômage et introduisent une compétition favorisant l’employé le moins-disant financièrement. La pire chose pour les employés est que la division s’installe.» Toutefois, une centaine de salariés de Sephora Champs Elysées, déboutés après avoir assigné les syndicats, ont saisi la cour d’appel de Paris qui a mis sa décision en délibéré au 9 décembre.
Syndicat compétent ou dissident?
La CFTC, sortie de Clic-P en juin après avoir radié la Seci qui la représentait au sein de Clic-P, ne pèse pas ses mots pour qualifier l’intersyndicale. «La CFTC n’a jamais validé ce rapprochement syndical, nous explique un porte-paroleCFTC-CSFV en parlant de Clic-P. C’est une association de dissidents qui n’est pas adoubée par sa confédération.» Ce à quoi Karl Ghazi répond: «Certaines offensives tentent de faire croire que nous ne sommes pas représentatifs, explique-t-il. Or les syndicats compétents, c’est nous.»
Et le PDG de LVMH -propriétaire de Sephora- Bernard Arnault de contrer mardi. «Un syndicat extérieur à Sephora -qui n’a absolument rien à voir avec l’entreprise, qui d’ailleurs n’a jamais mis les pieds dans l’entreprise, qui est totalement contesté par les salariés, qui s’appelle Clic-P a fait un procès à Sephora comme à d’autres pour faire annuler le travail du soir, explique-t-il. C’est assez consternant, d’autant plus consternant qu’on me dit que ce Clic-P en question fait ça non pas pour des raisons idéologiques mais pour des raisons purement financières».
Le rapport Bailly, consacré à cet épineux dossier, qui rendra des propositions d’ici fin novembre, pourrait permettre d’y voir plus clair. En attendant, une nouvelle audience vendredi concernant les enseignes de bricolage pourrait à nouveau consacrer le rôle de chien de garde contesté du Clic-P.