Nous classons dans la catégorie carabistouilles les propos de Pierre Gattaz, s’exprimant au nom du Medef, sur le travail du dimanche. En effet, il aligne ici une série réjouissante de niaiseries, qui ne laisse pas d’étonner de la part d’un dirigeant de grande entreprise. Contre-vérités, truismes, arguments spécieux, morale à deux balles, mauvaise foi, et même insinuations malveillantes, tout y est. Un interview d’anthologie. Nous allons lui écrire, et publierons sa réponse. |
La Dépèche, 1/10
Comment réagissez-vous au débat national sur le travail du dimanche qui s’est emparé du pays ?
Pierre Gattaz, président du MEDEF. Mon obsession, c’est l’emploi. On devrait gérer notre pays à l’aune de la création d’emplois et donc de la compétitivité. Tout ce qui détruit de l’emploi est une mauvaise solution. ça vaut pour le travail le dimanche, pour les mesures environnementales, les loyers… toutes ces lois qui sont en cours. Sur le travail du dimanche, c’est la quadruple peine: pour les clients et pour la filière touristique; pour les salariés qui auront un manque à gagner jusqu’à 300 euros nets par mois; pour les entreprises qui vont perdre 20 à 30 % de chiffre d’affaires; et bien sûr pour l’emploi. Dans un contexte de crise, empêcher les gens de bosser c’est insupportable !
Comment jugez-vous l’action du gouvernement sur ce dossier du dimanche?
Il a réagi très vite devant l’ampleur de la contestation: je dis bravo! Réformer ce mille feuilles du travail le dimanche doit devenir une urgence. Avoir nommé Jean-Paul Bailly sur ce dossier est une bonne chose. Le gouvernement a su saisir la balle au bond. Au Medef, on souhaite dans l’idéal que ce soit dans l’entreprise qu’on décide, avec les salariés, de travailler ou non le dimanche. Il faut laisser aux partenaires sociaux, l’espace pour discuter. On peut aussi discuter au niveau des branches comme pour les magasins de bricolage. La loi ne doit intervenir qu’en ultime recours.
Que penser de l’action des syndicats dans l’affaire Sephora des Champs élysées ?
Je trouve surprenant d’aller à l’encontre des salariés volontaires au travail dominical. Dans cette affaire, un avocat s’est fait une spécialité d’aller réclamer des astreintes à la Justice pour financer des syndicats. Quand on instrumentalise à tel point la Justice, on est à la limite du système.
Selon vous, la «valeur travail» reprend-elle pied en France ?
Je l’espère. En tout cas, à la vue de la grande émotion soulevée par la polémique du travail dominical, on peut penser que les Français y sont attachés. Depuis les 35 heures, notre pays a fonctionné en mettant à mal le travail. Il y a une petite inflexion mais tout cela reste tellement fragile. Le travail, c’est la dignité humaine alors qu’en France on l’a longtemps considéré comme l’exploitation de l’homme par l’homme.