L’ouverture du dimanche agite les réseaux sociaux

Les enseignes continuent à faire de la propagande : après avoir payé des manifestants « spontanés » de Leroy-Merlin et de Castorama pour aller manifester devant l’assemblée, elles continuent en organisant des « pétitions spontanées », et toute une gamme d’agitation médiatique dans le but d’influencer les conclusions du rapport Bailly.

La ficelle est toujours aussi grosse, mais ça fout la trouille quand même : déjà, Robert Rochefort, fondateur d’observatoires divers, moraliste distingué, diplômé ès-prudence politique, a de nouveau retourné sa veste : d’abord contre le repos dominical, puis plutôt pour, il redevient plutôt contre, en attendant de se prononcer définitivement en faveur de l’opinion gagnante. C’est beau.

Le JDD, 6/10/13

Les enseignes maintiennent la pression sur le gouvernement, afin d’obtenir une réforme du travail dominical. Dimanche encore, 14 magasins franciliens Leroy Merlin et Castorama accueilleront les clients, malgré les décisions de justice ordonnant la fermeture. Paradoxe : deux maires PS des communes de Chelles et Collégien (Seine-et-Marne) ont accordé des dérogations à Leroy Merlin pour ouvrir en toute légalité. Mercredi, la cour d’appel saisie par les 101 salariés de Sephora se prononcera sur l’exécution de la décision du 23 septembre, qui impose la fermeture du magasin des Champs-Élysées après 21 heures. La question, qui divise syndicats, salariés et partis politiques, tétanise les ministres. Elle sera mise à plat dans le rapport que Jean-Paul Bailly, ancien président de La Poste, doit remettre fin novembre.

Les clients mécontents choisissent Facebook et Twitter pour lancer des pétitions.

Ils fonctionnent 7 jours sur 7, et toute la nuit. Les réseaux sociaux servent de caisse de résonance au mécontentement des consommateurs, privés de shopping le dimanche et en soirée. Les pages Facebook « Laissez-moi aller chez Monop’ après 21 heures », « Liberté pour Sephora Champs-Élysées » se font l’écho d’un ressenti collectif. Ils sont en phase avec les sondages d’opinion, dont le dernier, Ifop-Metronews, révèle que 69 % des Français sont favorables au commerce du 7e jour. Ils n’étaient que 52 % en septembre 2008.

Le collectif Yes week-end, qui défend l’ouverture des magasins Leroy Merlin et Castorama en Île-de-France, a récolté près de 3.000 « j’aime ». « Vous avez tout mon soutien! Je suis allée faire des courses chez vous hier. Ne lâchez rien! Les consommateurs sont derrière vous », s’enflammait Anne, lundi. D’autres internautes critiquent, pêle-mêle, syndicats, médias et ministres. La véhémence est identique sur Twitter. Monoprix a enregistré un pic de 3.800 tweets depuis mardi : « Il faut sauver le soldat Monop’. »

Sur le site de pétitions en ligne mesopinions.com, Les Bricoleurs du dimanche ont récolté en une semaine près de 15.000 signatures. À lui seul, le Carrefour City de la gare Saint-Lazare à Paris se targue de 2.600 signatures de clients favorables à l’ouverture de la supérette le dimanche après-midi.

Des associations de consommateurs très discrètes

Les réseaux sociaux ont pris le relais protestataire des associations de consommateurs restées très discrètes. « Détricoter les lois qui encadrent le commerce n’est jamais simple. Les dérogations sur l’ouverture des magasins le dimanche doivent être négociées avec les partenaires sociaux », précise François Carlier, directeur général de la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie). Une attitude qui ne surprend pas Robert Rochefort, fondateur du cabinet d’études l’Obsoco, et député européen (MoDem) : « Ces associations ne peuvent critiquer ouvertement les syndicats. Pourtant, les consommateurs ont besoin de plus de souplesse. Dimanche, on fait ses courses en sortant d’un train tard le soir, ou le dimanche à deux quand on ne s’est pas vus de la semaine. Ce n’est ni un luxe ni un caprice. »

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