Face à l’arrivée de Carrefour City, Monoprix veut ouvrir le dimanche matin toute l’année.
«Moi je veux bien faire la guerre mais il faut qu’on me donne les armes. » Le ton est martial. Dans son bureau, au premier étage de son magasin, Cécile Jaime prépare la riposte. Depuis l’implantation du Carrefour City, le 28 novembre rue du Docteur Peltier, ouvert sept jours sur sept, la directrice du Monoprix a vu son chiffre d’affaires sensiblement décroître. « Il faut faire quelque chose. » Ce soir, les élus du Conseil municipal étudieront sa demande d’ouvrir le dimanche matin.
Car, contrairement à Carrefour City et la Coop, libres de travailler le jour du Seigneur, Monoprix ne jouit pas des mêmes libertés. « Il y a une nomenclature de métiers. City et la Coop sont des commerces alimentaires et à ce titre peuvent ouvrir le dimanche. Monoprix est répertorié dans les activités mutiservices », souligne Anita Chevalier, adjointe aux affaires commerciales, qui refuse de dévoiler de quel côté penchera le vote.
« On espérait mieux »
Pour pouvoir ouvrir, Monoprix doit justifier d’un chiffre d’affaires dans l’alimentaire supérieur à 60 %. « On l’a », assure Cécile Jaime qui « ne comprendrai (t) pas » que les élus s’opposent à sa requête. Jusqu’ici, en vertu d’une dérogation temporaire, Monop’ ouvre le dimanche au printemps et à l’été. « C’est valable de mai à fin septembre. Si Carrefour City n’était pas arrivé, je m’en serais contenté. » Seulement voilà : Cécile Jaime encaisse mal. « Ils m’ont foutu en l’air mon mois de décembre. » Pourtant, à Carrefour City, le nouveau gérant déplore lui aussi un mois de décembre timide.
« On espérait mieux. On est en deçà de nos objectifs. Décembre, ce n’est pas la meilleure période pour ouvrir. On a la concurrence des hypermarchés qui font de grosses promos », indique Laurent Mosca contraint à la patience. « On sait qu’il nous faut un délai de lancement. »
Il se console en voyant se former une « clientèle d’habitués » qui profitent de l’amplitude horaire large, jusqu’à 22 heures, pour faire ses courses. « Par contre le dimanche matin, ça reste une demi-journée comme les autres. » La réplique de Monoprix ? « C’est le jeu de la libre concurrence. Mais plus il y aura de gens ouverts, moins il y aura de parts de gâteau. » Ouvrir le dimanche après-midi ? « Des clients nous le demandent. On y pense », confie le commerçant qui emploie quatre salariés. « Si on ouvre tout le dimanche, il faudra embaucher. »
« On ouvrira dès février »
À Monoprix, Cécile Jaime est dans les starting-blocks. Si le conseil municipal donne son feu vert, la directrice ne perdra pas une seconde. « On ouvrira le premier dimanche de février », prévient la directrice qui pense ouvrir trois caisses et a commencé à recruter. « Je ne compte pas faire travailler mes employées actuelles. Sauf si elles le souhaitent. »
C’est une autre des conditions pour ouvrir le dimanche matin : l’engagement par écrit des salariés. « Pour le moment, j’ai une caissière intéressée », explique la directrice de Monoprix qui emploie 28 salariés.
La petite Coop souffre
Dans sa coopérative, avenue Charles-de-Gaulle, Franck Tricot observe avec inquiétude le duel auquel se livrent les deux enseignes. « Moi le dimanche, c’est ma plus grosse journée. Depuis sept ans que je suis là, j’ai vu l’ouverture dominicale de Monoprix s’étendre toujours un peu plus. Au début, c’était juillet et août. Aujourd’hui, c’est de mai à septembre. On avait déjà les travaux et la crise alors l’arrivée de City, ça me touche encore plus », lance l’épicier qui compte deux salariés mais se demande s’il pourra les conserver. « J’attends de voir en mars. »
La guerre commerciale pourrait faire ses premières victimes.