Les syndicats du commerce parisien ont assigné le parfumeur Sephora en référé devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour dénoncer l’ouverture nocturne, après 21h, de son magasin des Champs-Elysées.
Le Clic-P (intersyndicale du commerce de Paris CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD et CGC), reproche à l’enseigne d’ouvrir son magasin du VIIIe arrondissement au-delà de 21H00. Ce qui est illégal, puisque la loi stipule que le recours au travail de nuit (de21H00 à 6H00) est en principe exceptionnel et doit être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale. Ce qui, dans le cadre d’un parfumeur des Champs-Elysées, reste peu prouvé…
Sephora, propriété du géant du luxe LVMH, a répliqué en faisant du chantage à l’emploi. Le parfumeur a publié une pleine page dans la presse, titrée « l’emploi menacé aux Champs-Elysées ». Dans ce texte écrit en blanc sur fond noir, le parfumeur, qui emploie 4.500 personnes en France, indique que « son plus grand magasin au monde (…) est aujourd’hui menacé d’obligation de fermeture dès 21H00 à la suite d’une action en justice d’une intersyndicale du commerce à Paris, qui a choisi d’agir contre le travail de nuit pour des raisons uniquement idéologiques ». L’obligation de fermer à 21H00 « menacerait plus de 45 emplois », faisant valoir que le magasin réalise plus de 20% de son chiffre d’affaires en soirée.
Eric Scherrer, responsable CFTC au sein de l’intersyndicale juge « le procédé de Sephora profondément scandaleux », estimant qu’ils « utilisent le fait d’être une entreprise riche (…) pour se payer des pages de pub et essayer de faire pression sur la justice ». Ce qu' »ils disent en substance, c’est: +laissez-moi violer la loi+ », a-t-il déclaré à l’AFP, avant d’ajouter: « le chantage à l’emploi, il y en a vraiment ras-le-bol ». Le Clic-P a également engagé des actions pour les mêmes motifs contre d’autres enseignes comme Abercrombie ou Uniqlo et avait obtenu gain de cause par le passé face à Monoprix, le BHV ou les Galeries Lafayette.
Les syndicats insistent sur le fait que lorsque les entreprises sont condamnées, elles le sont « parce qu’elles sont hors la loi. La justice ne les condamne pas pour nous faire plaisir ». Il faut rappeler que le travail de nuit peut avoir des répercussions néfastes sur la santé. Une étude publiée en juin, a notamment montré qu’il entraîne chez les femmes un risque accru d’environ 30% de cancer du sein. Le Clic-P est également à l’origine de plusieurs condamnations liées à au travail du dimanche dans le commerce dans la capitale, notamment dans les supérettes.