En démissionnant de la présidence de la Maison de l’emploi des Bords de Marne, le maire de Villiers pousse la préfecture à revoir sa copie sur les possibilités pour les enseignes d’ouvrir le dimanche.
« J’ai rencontré ce week-end un couple qui travaille chez Bricorama. Le mari a perdu son job parce qu’il ne travaillait que le week-end. La femme a vu baisser sa paye de 20%. Je ne peux plus laisser passer ça. » (le maire n’a pas rencontré les droguistes obligés de fermer à cause de Bricorama ndlr) Particulièrement remonté, Jacques-Alain Bénisti, député-maire UMP de Villiers-sur-Marne, a annoncé hier matin sa démission de la présidence de la Maison de l’emploi et des entreprises des Bords de Marne, à l’occasion d’un conseil d’administration.
L’élu entend ainsi protester contre le refus du préfet du Val-de-Marne de délimiter un Puce (périmètre d’usage de consommationexceptionnel), qui permettrait aux enseignes du secteur d’ouvrir le dimanche.
Le préfet prêt à accorder des dérogations
« La fermeture dominicale de Bricorama (NDLR : sur décision du tribunal de grande instance) est inacceptable. Nous nous battons au quotidien pour l’emploi et l’Etat nous lâche en n’accordant pas la possibilité à ceux qui le souhaitent de travailler le dimanche, tempête Jacques-Alain Bénisti. Nous avions pourtant de nouveaux arguments, nous avions proposé un Puce en tant que zone touristique des bords de Marne, ce qui nous permettait de demander une ouverture pour les magasins de bricolage ou encore les Armoiries. Le préfet craint les suites judiciaires, mais on ne peut pas sans arrêt subir le diktat d’un seul syndicat qui est contre ce travail dominical! »
L’aspect touristique du secteur n’a, semble-t-il, pas été l’argument ultime pour convaincre le préfet. Mais dès hier, ce dernier nous a confié sa volonté de faire avancer le débat. « J’ai le souci de rétablir un certain équilibre entre les magasins qui ouvrent et ceux qui ne le peuvent pas, explique Pierre Dartout, le préfet du Val-de-Marne. En attendant de réétudier de nouveau la création de Puce, comme il en existe un à Thiais Village, je prendrai au cas par cas des arrêtés de dérogations individuelles, annuelles. »
Ces décisions doivent d’abord être réclamées par les enseignes, en argumentant de la concurrence des magasins de Seine-Saint-Denis ou de la Seine-et-Marne. Certains ont déjà déposé des demandes en préfecture. « La concertation prend environ un mois, les premiers arrêtés pourraient entrer en vigueur au début de 2013, précise le préfet. Mais je veux des décisions qui soient le plus solide possible sur le plan du droit. »
Jean-Marc Renaudie, « leader » des commerçants en colère, qui menaçaient d’un jogging nudiste le 23 décembre. « C’est hallucinant. C’est prendre les commerçants pour des « branquignoles ». On donne d’une main pour reprendre de l’autre. Tout le monde a organisé ses plannings, engagé de la communication pour dire qu’on serait ouvert le 16 décembre. Ce n’est pas correct en terme de délai, ça arrive bien trop tard. On souhaitait que ce soit ouvert les deux dimanches, le 16 et le 23 ! Et d’ailleurs on le sera ! C’est une décision qui ne fait qu’ajouter un trouble supplémentaire. »
Pascal Richard, directeur de Monoprix. « Est-ce que les autorités se rendent compte de la gêne occasionnée ? On a pris nos dispositions pour le 16, nos salariés sont prévenus, leurs jours de compensation déjà fixés, nos clients sont informés, la marchandise a été commandée et des produits frais vont être livrés. C’est impossible de revenir en arrière. Il faut que ce soit en complément du 16, pas en substitution, sinon c’est ingérable. »
Maïté Charrière, présidente de « Limoges Commerces ». « Je suis très en colère car de toute façon, on a tous prévu d’ouvrir le 16. C’est trop tard ! Maintenant, les plannings sont faits et le 16, c’est là. Juridiquement, c’est impossible à organiser dans les magasins qui ont beaucoup de salariés. Et les gens ont aussi organisé leur vie de famille. Dire qu’on a nous reproché justement d’empêcher les dimanches familiaux. Si c’est ça, j’appelle les prud’hommes et la direction du Travail ! Jusqu’à maintenant, j’ai été politiquement gentille et correcte mais là, il faut qu’ils prennent des décisions sensées. C’est les Miss qui leur ont fait tourner la tête ? Quoi qu’il en soit, on a le papier disant que le 16 était autorisé par arrêté. »
Pascal Sanvoisin, directeur du centre Saint-Martial. « En terme d’organisation, cela ne fonctionne pas. J’ai des enseignes qui ont déposé leurs plannings, et on a bâti toute une communication autour du 16. Et puis, on ne travaille toujours pas sur le fond du problème : je ne comprends pas pourquoi on ne veut pas nous accorder les deux dimanches. Ce qui m’étonne aussi, c’est que nous avons déposé 55 demandes de dérogation pour ouvrir et on n’a toujours pas eu de réponse de la préfecture. »
Catherine Clavaud, assistante de direction du Family Village. « Nous, on ne sait pas ce qu’on va faire, car à l’heure qu’il est, l’arrêté concerne le 16. C’est une aberration ! Personne ne sait sur quel pied danser ; c’est du n’importe quoi. La question est de savoir si c’est bien légal. On a plus de 25 enseignes concernées et on a essayé de préserver nos personnels comme on nous l’a demandé en faisant des plannings à l’avance. Et là, on a cinq jours ! On est abasourdi. »
Denis Monzat, gérant d’Eden Park, Gant, One Step… « De toute façon, on va ouvrir ! C’est une provocation ridicule ! Le maire s’entête… C’est du despotisme. Et nous, on n’est pas que des « cæ » de droite ! J’espère que les commerçants seront solidaires. »
Arnaud Grimault, gérant Go Sport Boisseuil. « On trouve cela inadmissible. Cela nous met dans une situation RH – ressources humaines – qui est hors la loi. Nos salariés pour travailler le dimanche sont volontaires. Cela a été prévu trois semaines à l’avance. Ils sont payés double et ont une journée de récupération pour le dimanche travaillé, qui doit être prise dans les quinze jours avant et après. On est en plein dedans. Je ne vous parle même pas du plan de com’et des prestataires prévues, le Père Noël, la pub… Ça a un coût pour nous ! Cela peut se finir au tribunal administratif… »