Le travail de nuit des femmes aggrave le risque de cancer du sein

L’univers de Sephora est très féminin (et qui s’en plaindrait !).

Cette étude de l’INSERM démontre qu’en faisant travailler ses personnels en dehors des limites raisonnables, Sephora leur fait prendre un risque avéré pour leur santé, sans autre motif que de capter davantage le marché. Acheter un rouge à lèvre à deux heures du matin ne peut pas être considéré comme un impératif de service public.

Or qui avertit les salariées du risque qu’elles prennent ? Ce n’est pas Sephora. Et qui va soigner les salariées malades ? Ce n’est pas Sephora non plus, mais la communauté nationale, qui finance ainsi les dommages collatéraux des bénéfices acquis par le groupe LVMH.

Le Monde, 20/06/2012

Le risque de cancer du sein est fortement augmenté chez les femmes ayant travaillé de nuit, selon une étude menée par des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et publiée lundi 18 juin sur le site de la revue International Journal of Cancer. Cette étude confirme d’autres résultats qui ont conduit en 2010 le Centre international de recherche contre le cancer à classer le travail de nuit comme « probablement cancérigène ».

Florence Menegaux (Inserm-Université de Paris-Sud) et ses collègues ont monté l’étude Cecile (pour Cancer du sein en Côte-d’Or et Ille-et-Vilaine et environnement) qui, menée en France entre 2005 et 2008, a pris en compte le parcours professionnel de plus de 2 500 femmes : 1 232 ayant présenté un cancer du sein et 1 317 indemnes, qui servaient de groupe témoin. Parmi les femmes ayant un cancer du sein, 13% avaient, à un moment ou un autre de leur vie, travaillé de nuit, contre 11% dans le groupe de contrôle. La probabilité de développer un cancer du sein était ainsi accrue de 35% chez les femmes ayant travaillé de nuit et de 40% chez celles l’ayant fait pendant au moins quatre ans et demi.

Le mécanisme sous-jacent à cet effet cancérigène impliquerait une perturbation du rythme circadien, résultant de l’alternance du jour et de la nuit, et des cycles de veille et de sommeil. Bon nombre de fonctions biologiques et notamment de sécrétions hormonales fluctuent en fonction du rythme circadien. Leur perturbation chez les personnes travaillant de nuit ou avec des horaires décalés jouerait un rôle dans le développement de cancers, dont celui du sein chez la femme.

UNE FEMME SUR MILLE TOUCHÉE DANS LES PAYS DÉVELOPPÉS

Serait notamment impliquée une hormone possédant des effets protecteur vis-à-vis du cancer, la mélatonine, qui connaît un pic de sécrétion nocturne. Le fait d’être exposé à la lumière artificielle au cours de la nuit fait disparaître ce pic. Les troubles du sommeil sont également associés à une diminution des capacités dedéfense immunitaire. Enfin, l’altération de l’expression des gènes de notre horloge biologique favoriserait la prolifération cellulaire.

L’étude fait également apparaître que les femmes ayant travaillé de nuit plus de quatre années avant de mener leur première grossesse à son terme présentent un risque d’avoir un cancer du sein quasiment doublée (95% d’augmentation). Ce qui pourrait s’expliquer par le fait qu’avant d’avoir leur premier enfant, les femmes ont des glandes mammaires qui ne sont pas complètement différenciées et qui pourraient être plus sensibles aux effets d’une perturbation du rythme circadien.

Le cancer du sein est la première cause de mortalité par tumeur maligne chez les femmes. Chaque année, une femme sur mille est touchée dans les pays développés et 1,3 million de nouveaux cas sont détectés dans le monde. Le travail de nuit concerne 3,5 millions de personnes en France.

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