Coup de théâtre sur les autorisations d’ouverture dominicale avant les fêtes de fin d’année

Le Populaire, 11/12/12

La nouvelle a pris de court tout le monde hier. La mairie de Limoges a accordé aux commerçants l’ouverture de leurs boutiques le dimanche 23 mais a retiré l’autorisation du 16.

Branle-bas le combat dans le commerce limougeaud, hier après-midi. La mairie de Limoges a finalement autorisé, par un nouvel arrêté, l’ouverture des magasins le dimanche 23 décembre, en remplacement du dimanche 16, « suite aux réactions de mécontentement exprimé par certains commerçants concernant cette date », est-il écrit dans un communiqué de presse destiné aux médias. Contrairement à ce qui avait donc été décidé le 1 er octobre 2012, les commerces (avec salariés) seront donc fermés dimanche prochain pour « mieux » ouvrir dans quinze jours.

Cette décision est le fruit d’une mission de médiation menée par le préfet Jacques Reiller, à la demande du maire de Limoges, Alain Rodet (voir ci-dessous). Si les autorités locales s’attendaient à un apaisement après une période tendue, où ont notamment été brandies les menaces d’un footing nu, elles risquent d’être déçues.

Voici un florilège de réactions sur ce revirement.

Jean-Marc Renaudie, « leader » des commerçants en colère, qui menaçaient d’un jogging nudiste le 23 décembre. « C’est hallucinant. C’est prendre les commerçants pour des « branquignoles ». On donne d’une main pour reprendre de l’autre. Tout le monde a organisé ses plannings, engagé de la communication pour dire qu’on serait ouvert le 16 décembre. Ce n’est pas correct en terme de délai, ça arrive bien trop tard. On souhaitait que ce soit ouvert les deux dimanches, le 16 et le 23 ! Et d’ailleurs on le sera ! C’est une décision qui ne fait qu’ajouter un trouble supplémentaire. »

Pascal Richard, directeur de Monoprix. « Est-ce que les autorités se rendent compte de la gêne occasionnée ? On a pris nos dispositions pour le 16, nos salariés sont prévenus, leurs jours de compensation déjà fixés, nos clients sont informés, la marchandise a été commandée et des produits frais vont être livrés. C’est impossible de revenir en arrière. Il faut que ce soit en complément du 16, pas en substitution, sinon c’est ingérable. »

Maïté Charrière, présidente de « Limoges Commerces ». « Je suis très en colère car de toute façon, on a tous prévu d’ouvrir le 16. C’est trop tard ! Maintenant, les plannings sont faits et le 16, c’est là. Juridiquement, c’est impossible à organiser dans les magasins qui ont beaucoup de salariés. Et les gens ont aussi organisé leur vie de famille. Dire qu’on a nous reproché justement d’empêcher les dimanches familiaux. Si c’est ça, j’appelle les prud’hommes et la direction du Travail ! Jusqu’à maintenant, j’ai été politiquement gentille et correcte mais là, il faut qu’ils prennent des décisions sensées. C’est les Miss qui leur ont fait tourner la tête ? Quoi qu’il en soit, on a le papier disant que le 16 était autorisé par arrêté. »

Pascal Sanvoisin, directeur du centre Saint-Martial. « En terme d’organisation, cela ne fonctionne pas. J’ai des enseignes qui ont déposé leurs plannings, et on a bâti toute une communication autour du 16. Et puis, on ne travaille toujours pas sur le fond du problème : je ne comprends pas pourquoi on ne veut pas nous accorder les deux dimanches. Ce qui m’étonne aussi, c’est que nous avons déposé 55 demandes de dérogation pour ouvrir et on n’a toujours pas eu de réponse de la préfecture. »

Catherine Clavaud, assistante de direction du Family Village. « Nous, on ne sait pas ce qu’on va faire, car à l’heure qu’il est, l’arrêté concerne le 16. C’est une aberration ! Personne ne sait sur quel pied danser ; c’est du n’importe quoi. La question est de savoir si c’est bien légal. On a plus de 25 enseignes concernées et on a essayé de préserver nos personnels comme on nous l’a demandé en faisant des plannings à l’avance. Et là, on a cinq jours ! On est abasourdi. »

Denis Monzat, gérant d’Eden Park, Gant, One Step… « De toute façon, on va ouvrir ! C’est une provocation ridicule ! Le maire s’entête… C’est du despotisme. Et nous, on n’est pas que des « cæ » de droite ! J’espère que les commerçants seront solidaires. »

Arnaud Grimault, gérant Go Sport Boisseuil. « On trouve cela inadmissible. Cela nous met dans une situation RH – ressources humaines – qui est hors la loi. Nos salariés pour travailler le dimanche sont volontaires. Cela a été prévu trois semaines à l’avance. Ils sont payés double et ont une journée de récupération pour le dimanche travaillé, qui doit être prise dans les quinze jours avant et après. On est en plein dedans. Je ne vous parle même pas du plan de com’et des prestataires prévues, le Père Noël, la pub… Ça a un coût pour nous ! Cela peut se finir au tribunal administratif… »

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