Ph Gosselin (député Manche) : le travail dominical généralisé ne nous enrichira pas

Le 22 octobre dernier, je participais à la table ronde organisée par le Préfet de la Manche sur le travail du dimanche, en présence des organisations patronales et des syndicats de salariés. L’occasion pour moi de rappeler ma position sur ce sujet important pour nos territoires et pour les salariés. Lors du précédent mandat, et alors que je faisais partie de la majorité, je m’étais élevé contre la généralisation du travail le dimanche et j’y suis toujours opposé aujourd’hui pour des raisons économiques, sociales et sociétales.

Des raisons économiques tout d’abord. Ainsi, je ne crois pas à l’hypothèse selon laquelle l’ouverture des magasins le dimanche doperait la croissance. Cela entraine surtout une distorsion de concurrence forte entre petits et grands commerces, entre commerces de centre-ville et commerces péri-urbains avec un risque réel de vider les centres-villes avec le lot de chômage qui irait avec. En termes d’aménagement du territoire, le compte n’y est pas non plus.

Des raisons sociales ensuite qui concernent le choix laissé aux salariés et la notion de volontariat, dont on peut douter de l’effectivité. 

Enfin des raisons sociétales. La question du travail dominical nous renvoie à une question essentielle et centrale : quel type de société voulons-nous ? L’économie de marché est sans aucun doute le meilleur système économique qui existe mais ne laissons pas le marché tout faire. Le dimanche est un temps associatif, sportif, familial qui peut aussi être oisif. Laissons donc les gens en paix ce jour-là.

S’il convient évidemment de tenir compte d’exceptions qui existent d’ores et déjà et que l’on ne peut remettre en cause (hôpitaux, services publics, zones d’attractivité touristique…), et des dérogations accordées par le Préfet quelques dimanches par an à des occasions bien précises (Noël par exemple), je maintiens mon opposition à toute généralisation du travail le dimanche.

C’est un enjeu de société, nous avons besoin de temps collectifs pour nous retrouver. Il est des richesses qu’il faut savoir ne pas produire parce qu’elles coûtent davantage qu’elles ne rapportent. Tout ce qui isole l’homme l’appauvrit et la société avec lui : le travail dominical généralisé ne nous enrichira pas.