«Salariés bradés, dimanches sacrifiés et horaires décalés, temps partiel imposé, c’est assez ! » Collé sur sa veste, cet autocollant témoigne de la colère de François Manesceau, délégué FO. Jeudi, il a manifesté avec une centaine de personnes devant les grands magasins parisiens contre l’ouverture illégale des commerces les dimanches et pour réclamer l’encadrement des ouvertures nocturnes.
Actuellement, en France, les commerces alimentaires ont le droit d’ouvrir le dimanche jusqu’à 13 heures. A Paris, la législation est légèrement différente, puisqu’un arrêté préfectoral exige un jour de fermeture hebdomadaire le dimanche ou le lundi. Pourtant, selon le Clip-P (intersyndicale qui regroupe lessyndicats du commerce de Paris CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD), plusieurs supérettes parisiennes se livreraient à des «ouvertures illégales», ouvrant tous les dimanches et lundis.
Pour une meilleure réglementation
Dans la foule, Houman Ahmadi, délégué syndical CFTC, s’insurge : «Il faut la même règle pour chacun». Et pour que chaque salarié soit traité de la même manière, Clic-P a donc demandé un encadrement des horaires d’ouverture après 21 heures et du traitement des salariés. «Si on ne bouge pas, cette tache d’huile va se répandre et il deviendra très difficile de limiter ce qui sera devenu la norme», met en garde Karl Ghazi, secrétaire général de la fédération commerce CGT, évoquant «le double jeu des pouvoirs publics».
Pour lutter contre les dérives, les syndicalistes réclament une nouvelle réglementation. «On ne peut pas résoudre le problème enseigne par enseigne, en raison de la concurrence. Nous demandons des négociations sanctionnées par un texte réglementaire préfectoral assorti d’une garantie des pouvoirs publics que la loi soit appliquée», explique Karl Ghazi. Il précise que «tous les magasins qui sont à la lisière du périmètre défini par la loi et dans lequel les commerces peuvent ouvrir des dimanches font pression pour bénéficier eux aussi du dispositif».
Les raisons de la grogne
Pourtant, certains salariés expriment de leur côté leur volonté de travailler le dimanche. Un faux problème, estime François Manesceau, délégué FO : «Les salaires sont tellement bas que les salariés demandent à travailler le dimanche pour toucher (y compris) les primes nocturnes, ce qui participe à la course à l’ouverture le dimanche», regrette-t-il.
Le patron de Point S, enseigne de montage de pneus et d’entretien automobile, s’est lui aussi opposé à l’ouverture dominicale ce jeudi, mais pour une toute autre raison.«Cela coûte et ne rapporte pas assez pour les commerçants, ouvrir le dimanche induit des charges supplémentaires, comme l’électricité, les salaires du personnel et la communication sur cette ouverture», a-t-il regretté.