CAD, 12/11/12 Peu de salariés travaillent le dimanche pour le plaisir. S'ils le font, s'ils se portent « volontaires », c'est bien souvent sous la contrainte d'un petit salaire pendant la semaine.
A la place d'un salarié de Bricorama, au lieu « d'exiger » de pouvoir travailler tous les dimanches, pourquoi ne pas demander plutôt à être payé correctement pendant la semaine ? C'était aussi l'idée de FO, qui a proposé d'échanger le montant des astreintes contre un 13° mois de salaire pour les salariés.
Le refus de M. Bourrelier laisse penser qu'il a un intérêt commercial à maintenir des petits salaires pendant la semaine, et à ouvrir illégalement le dimanche pendant que ses concurrents, qui eux respectent la loi, sont fermés.
Le « combat » de salariés de Bricorama, quel que soit son issue, ne pourra être que perdant pour eux.
En effet, même en imaginant qu'ils obtiennent le droit de travailler chaque dimanche, cela veut dire qu'il faudra donner ce droit à tous les magasins de bricolage de France tous les dimanche.
Et aussi à tous les droguistes qui vendent des marteaux et des clous. Mais aussi à toutes les grandes surfaces qui vendent des mateaux et des clous. Or ces distributeurs vendent aussi des livres, ou des vètements. Ce qui veut dire qu'il faudra aussi ouvrir les libraires et les magasins de vêtements. Et les banques, pour ramasser l'argent. Et les sociétés de transport, pour assurer la logistique, etc.
Et quand tout le monde sera ouvert le dimanche, il est peu probable que les primes actuelles perdurent, tandis qu'il est certain que le dimanche sera perdu pour tous les salariés. C'est ce qui s'est passé en Irlande, par exemple.
Le cadre législatif entourant le dimanche doit être revu.
La loi s'applique à tous, par nature, mais la démocratie permet de faire savoir son avis.
Pour rappel, la loi n'interdit pas le travail du dimanche, elle interdit seulement de faire travailler les salariés le dimanche, sauf bien sûr pour les emplois d'utilité générale, ou des nécessités techniques.
Le CAD dit depuis 2009 que la loi Mallié est une mauvaise loi, qui institutionnalise effectivement des distorsions de concurrence. Mais depuis 2009, nous n'avons pas entendu M. Bourrelier dire quoi que ce soit contre cette loi, ce qui laisse planer un certain doute sur sa sincérité actuelle.
Il n'en reste pas moins que le cadre législatif entourant le dimanche doit être revu, et que cette révision passe par l'abrogation de la loi Maillié. La réglementation doit être clarifiée, simplifiée, stabilisée et… respectée par tous !
A ce sujet, le CAD n'est pas en panne de propositions, et est prêt à participer à cette modernisation.
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