Enorme ! Bricorama n'avait pas provisionné le montant de l'amende dans ses comptes !

Selon l’article du Figaro ci dessous, Bricorama n’a provisionné aucun montant d’amende dans ses comptes ! Nous restons abasourdis devant l’incroyable légèreté de cette décision, prise sans aucune concertation, sauf erreur de notre part, et qui impacte les résultats de l’enseigne, et donc la rémunération et l’emploi de tous ses salariés.

Voila un président de société qui fait prendre le risque à son entreprise d’une lourde condamnation, qui parie sur une évolution législative qu’il se fait fort d’obtenir avec un lobbying de marchand de lessive, qui parie sur le laxisme de la cour d’appel, et qui est tellement sûr de lui qu’il ne provisionne aucun montant dans ses comptes ?

Comment ne pas craindre pour l’avenir de l’enseigne – mais aucune enseigne n’est indispensable, et le remplacement d’une enseigne par une autre n’est pas une catastrophe nationale – avec des dirigeants qui font preuve d’autant d’irresponsabilité et d’aveuglement ? 

Le Figaro 31/10/12

Condamné, Bricorama craint pour son avenir

La justice ordonne à l’enseigne de fermer ses 32 magasins franciliens le dimanche. Le groupe menace de supprimer 500 postes. Il risque aussi une amende de 18,1 millions d’euros, qui menacerait son équilibre financier.

Bricorama a reçu un douloureux coup de marteau sur les doigts. La cour d’appel de Versailles a jugé mercredi l’enseigne de bricolage coupable d’ouverture illégale de ses 32 magasins en Ile-de-France, confirmant la décision du tribunal de grande instance de Pontoise rendue en janvier. Les magasins devront garder leur rideau baissé dès ce dimanche 4 novembre. Pour l’enseigne, la perte de chiffre d’affaires est importante, chaque magasin réalisant environ 15 % de ses ventes le jour du Seigneur.

Le groupe risque par ailleurs de devoir payer une amende de 30.000 euros par dimanche et par magasin ouvert sans autorisation, depuis l’entrée en vigueur de la loi Maillé sur le travail le dimanche. La somme totale pourrait atteindre 18,145 millions d’euros. Une somme colossale pour le numéro 4 du bricolage en France, qui a réalisé l’an dernier un résultat net de 24,1 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 951 millions d’euros. Le montant de l’amende devrait être connu début décembre.

«Bricorama est en danger!» alerte Jean-Claude Bourrelier, PDG de Bricorama, qui va se pourvoir en cassation. Le groupe n’a pas provisionné l’amende potentielle dans ses comptes. «Si nous devons payer 18 millions d’euros à Force ouvrière, qui nous a attaqués, nous n’aurons plus de résultat à distribuer aux salariés en prime d’intéressement», soutient le patron. Pis, l’endettement de la société pourrait devenir trop important, ce qui rendrait sa situation financière fragile.

Procès contre les concurrents

Bricorama pourrait alors mettre en œuvre les mesures évoquées début septembre dans un entretien au Figaro. Cinq ou six magasins sur 32 pourraient baisser le rideau définitivement et 500 emplois être supprimés, sur un total de 2556 en France. «Si je suis condamné, je n’aurai d’autre choix que d’aller faire condamner mes concurrents pour concurrence déloyale», avait prévenu le PDG.

Ce dernier assure qu’il engagera des actions en référé contre tous les magasins concurrents en Ile-de-France, à savoir 12 Castorama et 12 Leroy Merlin, eux aussi ouverts illégalement. Si ces magasins sont condamnés à fermer le dimanche, 5000 autres emplois pourraient être impactés dans le secteur, estime Bricorama.

«Le pari de Bricorama a été cynique: faire peser sur les syndicats, puis les juges, le risque annoncé d’une faillite et un chantage sur l’emploi pour espérer faire fléchir le gouvernement et obtenir une dérogation», rétorque Force ouvrière. Christophe Le Comte, secrétaire fédéral de la FEC-FO en charge des enseignes non alimentaires, rappelle que le syndicat a proposé à l’enseigne de renoncer à la poursuite de l’action «à condition de maintenir les emplois et les salaires des salariés qui acceptent de travailler le dimanche uniquement pour augmenter leurs faibles rémunérations». Le syndicat se dit prêt à se remettre autour de la table avec la direction de Bricorama, une fois les magasins fermés le dimanche.

Jean-Claude Bourrelier espère de son côté une amende légère. Il demande surtout «aux politiques de mettre en place une règle équitable: soit tous les magasins sont ouverts, soit ils sont tous fermés le dimanche».

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