Bricorama et les PUCEs géantes

Bricorama pleure, tempète, joue au martyr, et réussit à obtenir le soutien de certains media, comme le Figaro dans son article du 31/10, qui voudrait nous faire pleurer sur le sort qui s’acharne sur ce pauvre M Bourrelier (tout en révélant son incroyable irresponsabilité de gestionnaire : il n’aurait provisionné aucun montant d’amende dans ses comptes !) 

Mais si le Figaro avait jeté un coup d’oeil sur le web, il y aurait vu que Bricorama avait demandé la création d’un PUCE à Colombes, et que cette ouverture illégale fait bien partie d’une décision organisée, réfléchie, jouée, … et perdue.

La demande de création d’un PUCE par une société commerciale pose un problème d’éthique citoyenne que nous relevons : la création d’un PUCE modifie les droits des salariés dans la zone concernée. Or la demande de création émane d’une société commerciale, et non du législateur. Est-il normal qu’une loi institutionnalise que les droits et les devoirs des salariés soient déterminés par les pressions des sociétés commerciales ? Le député ayant bâclé cette loi n’est-il responsable de rien devant personne ?

Explication de vote EELV sur la création d’un PUCE

CONSEIL MUNICIPAL DU 25 OCTOBRE 2012 vendredi 26 octobre 2012 par EELV Colombes

Abstention – Explication de vote EELV

Il nous est demandé de nous prononcer, sur la demande d’obtention d’un arrêté préfectoral pour la création d’un PUCE (Périmètre d’Usage de Consommation Exceptionnel) qui autoriserait, le cas échéant, une ouverture dominicale pendant 5 ans.

Rappelons à titre préliminaire, que cette proposition a pour origine une demande portée par le groupe Bricorama qui possède 176 bâtiments en France (y compris ceux appartenant à l’enseigne Batkor), 81 au Benélux et en Espagne sous d’autres enseignes, et 36 franchisés en France. Aujourd’hui cette société est en appel d’une condamnation suite à une action initiée par le syndicat Force Ouvrière à ne plus ouvrir le dimanche sa trentaine de magasins en Ile-de-France…

Sur le fond, nous considérons qu’accorder une telle dérogation est une mauvaise décision.

Nous savons que la concurrence commerciale est rude, entre les projets d’extension des Chanteraines à Gennevilliers et de la Bongarde à Villeneuve-la-Garenne, sans parler de la Défense ou d’Argenteuil.

Nous savons que Bricorama est confronté à la concurrence de grandes chaines comme Leroy-Merlin (groupe Mulliez-Auchan) à Gennevilliers ou Castorama (groupe britannique Kingfisher, spécialisé dans le bricolage et qui contrôle aussi les société But et Darty) à Nanterre, et que ce magasin répond à une demande réelle des Colombiens. Mais ce PUCE soulève quand même un problème.

D’abord, il entérine le fait que la grande distribution pourrait contourner une législation protectrice des droits des salariés dans un secteur qui cumule, nous le savons tous, faibles salaires, emplois précaires, saisonniers, à temps partiel, peu qualifiés et très féminisés.

Ensuite, dans une période de crise économique et d’intense chômage, le groupe Bricorama, comme l’ensemble de la grande distribution (et nous avons l’exemple colombien de Conforama – groupe PPR) préfère payer des heures supplémentaires que de créer des emplois, afin de ne pas raboter ses marges, s’inscrivant dans une économie globale où les produits vendus le sont dans des pays qui ne bénéficient pas des mêmes protections sociales et environnementales, alors que leurs populations y aspirent.

Nous considérons également qu’accorder la dérogation sur un périmètre étendu à l’ensemble de la commune est une erreur et un mauvais signal pour l’ensemble du commerce colombien, que ce soit le commerce de détail ou les enseignes de moyenne surface. Alors que nous travaillons, comme d’autres villes voisines, à requalifier le commerce de proximité de centre ville et dans nos quartiers, alors que nous savons que la zone de chalandise de ce commerce est en partie absorbée par la grande distribution, cette décision va à l’encontre de nos objectifs.

A ce titre, nous ne souhaitions pas que le PUCE soit étendu à l’ensemble de la ville, mais soit circonscrit au périmètre de Bricorama, et que ce soit ce périmètre qui soit proposé au Préfet.

En conséquence, le groupe EELV s’abstiendra.

 

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