Bricorama n’y va pas par quatre chemin dans son message au députés : si vous ne nous autorisez pas à ouvrir le dimanche, nous licencierons nos salariés, dit-il par la voix de son charismatique (comprendre « grande geule ») directeur, M Bourellier. Il s’agit d’un banal chantage, comparable à celui de M Arnault : si vous ne diminuez pas mes impôts, je vais devenir Belge. A la rescousse de ce chantage, des petits mensonges peu glorieux. Ainsi, M. Bourellier, en vrai héros des temps modernes, aurait malgré tout « pris le risque, pour certains complètement fou, de rester ouvert » ! La réalité est plus simple : sachant que le montant de l’astreinte (une astreinte est une amende que l’on ne paye que si l’on s’obstine à ne pas respecter la loi) est de 30.000 euros, il lui suffit de la comparer à son chiffre d’affaire et à ses charges, et de prendre en compte la part de marché qu’il pourra grignoter sur ceux de ses concurrents qui eux, respectent la loi. Il sera facile d’objecter à M Bourellier que quand ses concurrents seront, eux aussi, tous ouverts le dimanche, il n’aura plus qu’à procéder aux licenciements qu’il avait prévus, et en rendre responsable soit la crise, soit sa mauvaise gestion, mais en aucun cas la distorsion de concurrence liée au travail dominical. |
PARIS, 17 oct 2012 – Le président de Bricorama a fait délivrer mercredi quelque 200 boîtes à outils à l’Assemblée nationale pour convaincre les députés d’autoriser l’ouverture des magasins de bricolage le dimanche en région parisienne, alors qu’il est sous la menace d’une forte amende.
Dans ces « boîtes à outils législatives » rouge vif, figure un « manuel d’utilisation« , exposant la situation de Bricorama et demandant aux élus « d’élargir le champ du décret d’application de la loi régissant l’ouverture dominicale aux magasins de bricolage en région parisienne« .
« On apporte une boîte à outils Bricorama pour aider les députés à faire un bon décret« , a expliqué le président de l’entreprise Jean-Claude Bourrelier au cours d’une conférence de presse à l’Assemblée.
Il a rappelé, que le bricolage, troisième loisir des Français, était exclu de la liste des établissements autorisés à ouvrir le dimanche, contrairement à l’ameublement et au jardinage.
En début d’année, Bricorama avait été condamné à ne plus ouvrir le dimanche sa trentaine de magasins en Ile-de-France, sous peine d’une astreinte de 30.000 euros par établissement, suite à une action du syndicat FO.
M. Bourrelier a indiqué avoir malgré tout « pris le risque, pour certains complètement fou, de rester ouvert« , assurant que c’était une « question de vie ou de mort » pour le groupe.
La cour d’appel de Versailles doit rendre son jugement le 31 octobre, et le juge de l’exécution se prononcer sur le versement de l’astreinte le 9 novembre, a indiqué M. Bourrelier.
Selon lui, si la condamnation était confirmée, les sommes en jeu étant pour l’heure de quelque 20 millions d’euros, 500 emplois seraient menacés. Bricorama réalise 15% de son chiffres d’affaires le dimanche.
Il a prévenu qu’il engagerait des procédures pour empêcher que ses concurrents restent ouverts, indiquant que ce seraient alors quelque 5.000 emplois qui seraient menacés dans le secteur.
Le précédent ministre du Travail, Xavier Bertrand, avait préparé un décret autorisant les magasins de bricolage à ouvrir le dimanche, mais celui-ci est resté lettre morte. Selon M. Bourrelier, la question ne semble pas être « une priorité » du nouveau gouvernement.
Aux côtés de M. Bourrelier, le député du Nord Jean-Pierre Decool (apparenté UMP) a affiché son soutien à cette démarche, comme l’ont fait une vingtaine d’autres élus, majoritairement UMP. Il a souligné que l’amende pouvait « mettre en cause la survie de l’entreprise » et a relevé que FO avait également d’autres enseignes dans son collimateur comme Decathlon.
Bricorama compte quelque 4.600 employés, dont environ 2.700 en France, selon les chiffres communiqués par M. Bourrelier.
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