Condamné à payer 20 millions à FO pour l’ouverture dominicale illégale de ses magasins, Jean-Claude Bourelier menace de licencier 500 salariés et de causer 5.000 licenciements de plus en attaquant ses concurrents.
C’est un patron autodidacte qui a commencé comme apprenti boulanger avant de monter un magasin de bricolage, devenu aujourd’hui un véritable empire dans le secteur florissant du bricolage. Jean-Claude Bourrelier, numéro 198 dans le classement annuel des Français les plus riches de Challenges, est un patron apprécié de ses salariés mais connu pour son parler franc et ses méthodes expéditives. Il contrôle avec Bricorama un groupe de 196 magasins en Europe et plus de 5.000 salariés, réalisant 740 millions d’euros de chiffre d’affaires.
« Aujourd’hui, après avoir tenté de sensibiliser Bercy et le ministère du Travail, il n’a pas d’autre solution que de tout faire péter », résume un de ses collaborateurs. En l’occurrence, la méthode de Jean-Claude Bourrelier est difficilement justifiable mais elle a le mérite de mettre en évidence les incohérences et injustices de l’actuelle législation sur le travail du dimanche dans le secteur de la distribution.
Castorama et Leroy Merlin ont, eux le droit d’ouvrir le dimanche
Depuis la loi dite « Loi Ikea », seuls les magasins d’ameublement et de jardinage ont le droit d’ouvir le dimanche. Cette tolérance n’est donc pas valable pour les magasins de bricolage comme Bricorama et ses deux grands concurrents Leroy Merlin (Famille Mulliez) et Castorama (groupe Kingfisher). Toutefois, ces deux acteurs regroupés dans la Fédération du Bricolage ont obtenu au prix d’un efficace lobbying que plusieurs de leurs magasins soient inclus dans des zones spéciales appelées PUCE (Périmètres urbains de consommation exceptionnelle) dans lesquels l’ouverture du dimanche peut-être décidée par le préfet.
Manque de chance pour Jean-Claude Bourrelier, aucun de ses magasins n’est situé dans l’un de ces PUCE et il était donc bien dans l’illégalité lorsqu’il a ouvert le 7e jour afin de ne pas laisser la clientèle filer chez ses concurrents. Aussi quand le syndicat FO l’a attaqué devant le TGI de Pontoise, il a été assez normalement condamné à une lourde amende de 19 millions d’euros à verser au syndicat, l’équivalent de ses bénéfices de l’année.
Une menace de procès lourde de conséquences
Le patron de Bricorama a fait appel et n’a pas encore versé cette somme, cet appel va être jugé le 14 septembre. Il vient d’annoncer qu’en restant fermé le dimanche il sera contraint de supprimer 500 postes en France. Mais il compte aller au-delà pour casser une concurrence déloyale, en attaquant lui-même en justice tous les concurrents, nombreux selon lui, qui ouvrent le dimanche sans autorisation. De quoi causer la perte de 5.000 emplois au total dans le secteur ou rouvrir peut-être le débat sur l’ouverture des magasins le dimanche.
Soizic Briand et Jean-François Arnaud
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