Sarkozy : "Nous n'allons pas généraliser le travail le dimanche"

Nicolas Sarkozy déclarait, le 17 février dernier «Si les Français m’accordent leur confiance, la première mesure que je mettrai en oeuvre sera de poursuivre les assouplissements déjà réalisés en matière d’ouverture dominicale des commerces pour vous permettre de vous adapter à l’évolution des modes de vie». Le ton de cette déclaration ne pouvait qu’étonner : dans une Europe en déroute, dans une crise financière qui n’en finit pas, la mesure la plus urgente était, selon M Sarkozy, de poursuivre la banalisation du travail du dimanche. Un peu curieux.

Puis, le 12 mars, il affime qu’il ne souhaite pas « généraliser le travail du dimanche », et précise que « le travail dominical est un des sujets sur lequel j’ai mis de l’eau dans mon vin ».

Le premier problème posé par cette déclaration est celui de sa réalité pratique : dire qu’on a mis de l’eau dans son vin n’est pas dire que l’on a abandonné l’idée. L’exégèse des propos de Nicolas Sakozy est assez claire : il dit qu’il « a mis de l’eau dans son vin », et « qu’à un ou deux cas près, [la loi du 10 août] règle toutes les situations ». Ce qui revient à dire qu’il y a encore quelques cas à traiter, par exemple les magasins des grands boulevards, ou les magasins de bricolage, voire l’augmentation du nombre des « dimanches du maire », en attendant probablement les cas qui seront découverts en suivant. Mais qu’il demeure fermement déterminé à ne pas rendre obligatoire l’ouverture de toutes les épiceries du fin fond de l’Aubrac. En clair, il s’agit d’une annonce assez habile : si facialement elle peut lui amener notamment les supporters de Christine Boutin, partageant avec les taupes une remarquable cécité politique, en réalité elle ne l’engage strictement à rien.

Le second problème – mais se pose-t-il encore après la avoir répondu à la première interrogation – est celui de la crédibilité de cette annonce. En février, le président-candidat annonce solenellement que la banalisation du travail dominical est la mesure la plus urgente du prochain quinquennat, et un mois après, il affirme que ce n’est plus le cas. En période pré-éléctorale, les promesses les plus populistes fleurissent comme les champignons, y compris cette promesse surréaliste de sortie de l’espace de Schengen. « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent », disait Henri Queille, il faut croire que cette maxime est toujours d’une brûlante actualité.

Le Point / AFP 12/3/2012

Le président-candidat a annoncé sur TF1 « avoir mis de l’eau dans son vin » concernant le travail dominical.

Nicolas Sarkozy a dit, lundi, sur TF1 qu’il ne souhaitait pas « généraliser le travail le dimanche », reconnaissant « avoir mis de l’eau dans son vin » sur ce sujet. « Le travail le dimanche, on ne va pas le généraliser », a-t-il déclaré lors de l’émission Parole de candidat. À la mi-février, le secrétaire d’État au Commerce, Frédéric Lefebvre, avait affirmé que Nicolas Sarkozy voulait, s’il était réélu, « élargir les conditions d’ouverture des magasins le dimanche ». « Le travail dominical est un des sujets sur lequel j’ai mis de l’eau dans mon vin », a dit lundi le chef de l’État. 

« En 2007, je pensais qu’un pays qui recevait 80 millions de touristes par an ne pouvait pas se passer de la possibilité d’être ouvert le dimanche sur la base du volontariat », a-t-il dit. Mais « je me suis rendu compte qu’il y a des tas de régions où les gens ne le souhaitaient pas », a-t-il notamment ajouté. « On a fait une modification qui prévoit la possibilité d’ouverture le dimanche dans les bassins de population de plus d’un million d’habitants », a-t-il rappelé, estimant « qu’à un ou deux cas près, ça règle toutes les situations ».

La loi sur le travail du dimanche du 10 août 2009 permet l’ouverture de magasins le dimanche, en fonction du type de commerce et du lieu (communes touristiques ou périmètre spécifique). En dehors des cas prévus par la loi, tous les magasins peuvent ouvrir cinq dimanches par an sur autorisation préfectorale.

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