La généralisation de l’ouverture des magasins de bricolage le dimanche pourrait demain être une réalité si le décret prochainement déposé par le ministre du Travail, Xavier Bertrand, en Conseil d’Etat aboutit. Le négoce dénonce la distorsion de concurrence.
Alerté depuis peu de l’intention des pouvoirs publics d’autoriser le bricolage à ouvrir le dimanche, le négoce n’a pas tardé à manifester très fermement son opposition dénonçant le préjudice économique que ferait peser aux entreprises de la distribution professionnelle, majoritairement des TPE et PME, l’obtention de cette dérogation permanente accordée à ce secteur. « Agissant auprès d’une clientèle identique à celle des GSB, les négociants se verraient confrontés à une distorsion de concurrence flagrante résultant de la possibilité pour des particuliers, mais aussi les professionnels qui le souhaitent, de s’approvisionner le dimanche alors que les négoces seraient fermés », souligne dans un communiqué la FNBM qui précise que le négoce sert en moyenne les particuliers à hauteur de 25 % de son chiffre d’affaires.
« L’abandon de cette décision hâtive et sans concertation »
Une telle décision toucherait ainsi également la quincaillerie, ou le sanitaire-chauffage, l’électricité et la décoration, ce que met aussi en avant la CGI, la confédération du commerce interentreprises dans un communiqué au nom de la FNAS, de la FGME, de la FFQ et de la FND. Tout comme Géraud Spire, président de la FNBM, la CGI s’étonne par ailleurs de la voie choisie par les pouvoirs publics pour faire passer ce projet, et de la hâte à le voir se réaliser, à travers un « décret et en dehors de tout débat devant la représentation nationale ». Géraud Spire souligne également les contradictions du ministre qui en 2009 annonçait « ne plus accepter de dérogations de complaisance ». La FNBM sera entendue mardi soir prochain par le ministre pour demander « l’abandon pur et simple de ce projet » que le gouvernement souhaite voir passer avant la fin de la mandature. Pour le secteur du bricolage l’enjeu est important. Plusieurs enseignes ayant déjà été condamnées à payées des amendes pour ouvertures illégales, dernière en date, celle du groupe Bricorama, condamné à ne plus ouvrir le dimanche ses enseignes en Ile-de-France, sous peine d’une astreinte de 30.000 euros par établissement à la suite d’une action en justice du syndicat Force Ouvrière du groupe. Rappelons qu’à l’heure actuelle seule quelques zones en France sont autorisées à la faire, et que la législation prévoit également la possibilité d’ouvrir cinq dimanche par an, laissés au choix du distributeur.