Élection présidentielle : à Montbard, l’ouverture dominicale des magasins n’emballe pas

La Croix, 7/3/12

« La Croix » suit chaque semaine l’évolution de la campagne présidentielle dans cette sous-préfecture de Côte-d’Or.

« Ouvrir le dimanche matin ? Je n’y suis pas favorable ! » Tout nouveau propriétaire de l’Intermarché de Montbard qu’il est, Denis Regnault a des convictions personnelles sur ce sujet. Elles ne vont pas dans le sens de la poursuite des assouplissements promis par Nicolas Sarkozy. « Le dimanche, c’est un jour pour la famille ! », dit-il. « C’est le seul jour où l’on peut prendre le petit déjeuner tous ensemble », renchérit son épouse Sandrine.

Très attaché à la liberté d’entreprendre, ce patron estime toutefois que chacun doit faire « comme il veut ». Il n’exclut d’ailleurs pas d’être un jour « contraint par la concurrence »d’ouvrir le dimanche, comme ce fut le cas dans la ville voisine de Semur-en-Auxois. « Leader Price ouvre le dimanche depuis août 2011, Attac va lui emboîter le pas. Mon Intermarché a dû suivre », confie Denis Regnault qui met en avant sa « responsabilité » de chef d’entreprise. 

« Pour limiter l’impact sur la vie de famille de nos salariés dont peu étaient volontaires, nous faisons travailler des étudiants », précise-t-il, tout en reconnaissant obtenir ainsi « un chiffre d’affaires additionnel puisque les ventes du lundi n’ont pas baissé, au contraire ».

PROTÉGER LES COMMERCES DU CENTRE-VILLE

Pour l’Intermarché de Montbard, l’actualité immédiate n’est pas l’ouverture dominicale mais l’aménagement d’une zone commerciale moderne de 12 000 m2 à la sortie de la ville, sur la route de Dijon. À l’étroit dans le quartier Saint-Roch, l’actuel Intermarché s’y installera à l’automne sur 3 000 m2 . Il retrouvera Bricomarché, Sport 2000, des boutiques indépendantes. 

Pour éviter que les petits commerces du centre-ville n’en pâtissent, Christelle Silvestre, la maire PS, et l’Union des commerçants ont élaboré le Fonds d’intervention pour les services, l’art et le commerce (Fisac) qui permettra de moderniser les boutiques. « Le dossier sera prêt avant l’été, nous espérons une réponse de l’État début 2013 », explique Christelle Haag de la chambre de commerce et d’industrie. Animations et offres commerciales croisées seront mises en place conjointement entre grandes surfaces et boutiques du centre-ville.

En ce début de campagne électorale, c’est la mise en place d’une « offre commerciale digne d’une ville de 6 000 habitants » qui alimente donc les conversations à Montbard, bien plus que le travail du dimanche qui hérisse la gauche et les syndicats. François Sauvadet, président (Nouveau Centre) du conseil général, plaide, quant à lui, la nécessaire « prise en compte de la nouvelle façon de vivre des gens ». A contrario, Jean-Pierre Baudoin, marchand de meubles retraité, s’affiche « archicontre », car « ça casserait la vie de famille et le petit commerce ». « La vie ne peut pas être faite que de consommation », dit-il.

PAULA BOYER

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