Nicolas Sarkozy a déclaré être favorable à un ‘élargissement des conditions d’ouverture des magasins le dimanche. FO n’est pas d’accord…
Effectivement, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous étions au courant d’un projet de libéralisation du travail le dimanche, les préfets ayant été missionnés depuis quelque temps pour étudier la question et les modalités dans lesquelles ces ouvertures pourraient se faire. Nous avons déjà dit notre désaccord et nous le réitérons.
Le législateur s’est pourtant prononcé sur la question. Est-ce que cela est insuffisant ?
Il n’y a qu’à prendre sa voiture et se promener le dimanche pour constater que de plus en plus de magasins sont ouverts et qu’ils ne ferment pas le lundi qui suit, comme la loi le prévoit. Sur toute l’année 2011, on arrive péniblement à 10 PV d’infractions établis par la DIRECCTE. On peut dire que rien n’est fait pour freiner ou dissuader les contrevenants.
Et la justice ?
Elle ne se montre pas plus volontariste pour enrayer ce phénomène grandissant. Le 2 février, une enseigne a été condamnée à une amende de 450 € avec sursis pour avoir enfreint la loi. C’est un vrai quitus que l’on a donné à cette enseigne ! Cela nous inquiète.
Quand le candidat Sarkozy évoque l’augmentation du pouvoir d’achat comme corollaire d’un assouplissement du travail du dimanche, vous n’y croyez pas ?
Je vois mal comment des familles qui ont du mal à trouver en semaine l’argent nécessaire pour faire leurs courses, le trouveraient davantage le dimanche. Les mesures prônées par Nicolas Sarkozy ne sont pas de nature à protéger les salariés qui voudraient se reposer et profiter de leur famille le dimanche. Pour augmenter le pouvoir d’achat des Français, il y a une seule voie : l’augmentation des salaires.
Vous argumentez également sur l’impact économique qu’aurait localement l’ouverture du dimanche des grandes enseignes…
En effet, les grandes et moyennes surfaces sont déjà ouvertes 6 jours sur 7 et 13 h par jour. Aller au-delà impacterait de plein fouet les petits commerces, l’économie de proximité qui fait vivre les centres urbains. Vous vous rendez compte qu’à Perpignan, la grande distribution représente 70 % de la part de marché. On ne peut augmenter cette suprématie économique. L’ouverture du dimanche pose donc un double problème : la contrainte imposée aux salariés et la fragilisation du tissu économique local à travers le petit commerce.
Sur le même sujet du travail le dimanche, François Hollande, lui, parle de négociations entre salariés et commerçants. Qu’en pensez-vous ?
Le seul fait de poser la question revient à dire que l’on remet en cause le repos dominical. Des négociations salariés/commerçants vont encore fragiliser le rapport de force ; car on sait qu’on ne peut parler de volontariat dans le travail dominical. C’est un volontariat subi, une contrainte et une pression exercées sur le salarié qui ne peut refuser les propositions de travail du patron.
La proposition de François Hollande n’est pas réaliste, le monde du travail, lui, est exigeant, il va dans le sens du toujours plus, du profit à sens unique, c’est le dogme de la grande consommation intensive.