Et revoilà la bataille du dimanche!

Journal du Dimanche, 17/2/2012

Le candidat Président veut amplifier la loi Mallié de 2009 qui assouplit l’ouverture des magasins le septième jour. Tollé dans l’opposition, sauf chez Hollande.

Voilà un autre sujet clivant relancé par Nicolas Sarkozy. Après avoir dit non à l’euthanasie, au vote des immigrés et au mariage gay le week-end dernier, le chef de l’État en campagne a ravivé la polémique sur le travail dominical. Le candidat de l’UMP souhaite « élargir les conditions d’ouverture des magasins le dimanche », a-t-il fait savoir par la voix de Frédéric Lefebvre, porte-parole d’un jour. « C’est de la croissance pour vos commerces, c’est de l’emploi pour les Français, c’est du pouvoir d’achat pour vos salariés, c’est le renforcement de l’attractivité touristique pour que la France soit forte », a énoncé le secrétaire d’État à la Consommation vendredi devant les membres du Conseil du commerce de France (CdCF). Il n’en fallait pas plus pour que la controverse reparte.

« Une mauvaise idée et une très grave erreur », conteste l’eurodéputé Robert Rochefort, membre de l’équipe de campagne de François Bayrou. « Ce n’est pas le temps qui manque aujourd’hui aux Français, mais l’argent, et cette mesure ne crée pas de pouvoir d’achat. » Pour sa part, Jean-Luc Mélenchon s’oppose « absolument et formellement au travail du dimanche qui détruit la vie de famille et se met au service d’un consumérisme aveugle ». Le candidat du Front de gauche voit une « escalade de trouvailles contre les petits bonheurs simples de la vie des gens simple ». Marine Le Pen estime que l’idée « livre des salariés en situation de précarité à un travail qu’ils n’auraient pas volontairement choisi ». Elle la juge « inepte économiquement et contestable moralement ».

De son côté, François Hollande ne ferme pas la porte à des évolutions. Mais il privilégie la négociation sociale. « Nous ferons en sorte qu’il puisse y avoir la souplesse nécessaire, la contrepartie indispensable avec la rémunération des salariés. » Dans une vidéo présentée au CdCF, le candidat socialiste promet « un équilibre entre les droits des salariés » et le souci des commerçants de « répondre à de nouvelles formes de concurrence ».

L’idée figurait déjà dans le programme de Sarkozy en 2007

Le travail du dimanche est un thème récurrent chez Nicolas Sarkozy. Il figurait déjà dans son programme en 2007, et fut évoqué lors de son passage à Bercy en 2004. Élu, le président de la République a d’ailleurs agi, en souhaitant que les salariés soient volontaires et payés double. Il a fait adopter une proposition de loi du député Richard Mallié en juillet 2009. Ce texte a permis notamment de « blanchir » les magasins auparavant dans l’illégalité à Plan de campagne, la zone commerciale qui se trouve dans la circonscription du député UMP. Cette loi n’a cependant pas répondu aux objectifs annoncés par le chef de l’État. Elle n’oblige pas tous les employeurs à doubler la paie des salariés œuvrant le jour du Seigneur. Elle n’assure pas non plus le volontariat des employés, comme l’a souligné un rapport parlementaire cosigné par Pierre Méhaignerie et Richard Mallié mi-novembre 2011. Dans 80% des nouvelles zones dérogatoires créées par la loi, l’ouverture le septième jour est une décision unilatérale de l’employeur.

En outre, la loi Mallié couvre uniquement les villes et villages touristiques et les grandes zones commerciales. Loin, donc, de la généralisation promise. Durant la discussion parlementaire, les députés UMP ont en effet multiplié les garde-fous. À l’époque, Jean-François Copé soulignait les désaccords à l’intérieur du groupe et François Baroin les relayait. Et pour cause, une partie des élus de la majorité était contre l’extension du travail du dimanche, pour des raisons religieuses ou familiales. Les syndicats en font toujours un cheval de bataille, sous l’impulsion de la CFTC (chrétiens). Les dépôts de plainte n’ont pas cessé. Début février, par exemple, le tribunal de grande instance de Paris a mis en demeure de nombreuses supérettes de respecter les règles sous peine d’astreintes financières.

Nicolas Prissette – Le Journal du Dimanche

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