L’ouverture dominicale des magasins s’est invitée dans la campagne présidentielle vendredi, Nicolas Sarkozy promettant d’en assouplir les conditions s’il est réélu, tandis que François Hollande prône un « équilibre » par la négociation salariés-commerçants.
Dans une déclaration devant les Etats généraux du Commerce, lue en son nom le secrétaire d’Etat Frédéric Lefebvre, M. Sarkozy a dit vouloir « poursuivre les assouplissements déjà réalisés en matière d’ouverture dominicale » pour permettre aux commerçants de s' »adapter à l’évolution des modes de vie ».
Objectif affiché : augmenter le chiffre d’affaires, générer de l’emploi, du pouvoir d’achat pour les salariés et renforcer « l’attractivité touristique pour que la France soit forte », a-t-il dit, paraphrasant son slogan de campagne mais sans préciser quelle forme prendraient ces « assouplissements ».
Actuellement, l’ouverture dominicale est régie par la loi sur le travail du dimanche d’août 2009, en fonction du type de commerce et du lieu (communes touristiques ou périmètre spécifique).
Plusieurs solutions « sont sur la table », a précisé à l’AFP M. Lefebvre, comme l’extension du nombre de dimanches où les autres magasins peuvent ouvrir, de cinq actuellement à « 8, 10, 12 ».
De même, alors que ces ouvertures sont aujourd’hui soumises à autorisation préfectorale, se pose la question de laisser les commerçants libres de choisir pour « un certain nombre de dimanches », a ajouté le secrétaire d’Etat.
Le Conseil du commerce de France (CdCF) demande pour sa part que les commerçants puissent ouvrir librement 10 à 12 dimanches par an.
Dans une intervention vidéo devant les Etats généraux réunis à Bercy, le socialiste François Hollande, favori des sondages, a plaidé de son côté pour « une bonne négociation, plutôt que de mauvaises lois », estimant que le système actuel « créé de l’instabilité » avec contestations syndicales et recours.
Il s’agit de trouver « un équilibre entre les droits des salariés » et le souci des commerçants de « répondre à de nouvelles formes de concurrence », a-t-il expliqué, évoquant une nécessaire contrepartie pour les salariés en termes de rémunération.
« Le monde du commerce n’est pas favorable à ouvrir tous les commerces, tous les dimanches, dans toute la France », a souligné Gérard Atlan, président du CdCF, jugeant « tout à fait normal d’ouvrir le dimanche » dans les zones fréquentées par les touristes étrangers.
La CFTC s’est dite très étonnée du projet de Nicolas Sarkozy. « On nous avait dit que la loi sur le dimanche dite loi Maillé fixait les choses dans le marbre et qu’on n’y reviendrait plus », a déclaré son vice-président Joseph Thouvenel.
C’est « un véritable choix de société » car, « en favorisant l’ouverture des grandes surfaces le dimanche, on veut nous emmener dans l’hyper-consumérisme » alors qu' »on a besoin d’un temps (…) pour la vie familiale, associative, personnelle et spirituelle », a-t-il fait valoir.
C’est « une mesure absurde, qui ne créera pas d’emplois, aggravera la condition de beaucoup de salariés, nuira aux petits commerces », a estimé le député PS, Pierre-Alain Muet, parlant de « régression sociale ».
« On ne veut pas que soit pas banalisée l’ouverture du dimanche et étendue à l’ensemble du commerce en France », a réagi Bertrand Morvan, président de la Fédération nationale de l’habillement (FNH, indépendants).
Christian Pimont, président de l’Alliance pour le commerce, s’est dit favorable à l’ouverture dominicale pour les endroits très touristiques, comme le quartiers des grands magasins Haussmann à Paris, mais pas pour les villes du fin fond de la France.
En 2010, « plus du quart » des personnes ayant un emploi ont travaillé le dimanche, soit environ 6,4 millions de salariés, dont 2,9 de manière habituelle, selon l’Insee.