Pourquoi les « Intersport » à Montbéliard n’ont-ils pas travaillé les trois dimanches autorisés de décembre ? « Ce n’est pas qu’on ne voulait pas, répond Christian Boualouache, délégué du personnel CFDT. Seulement, le patron ne voulait pas payer les heures du dimanche au tarif négocié en septembre ».
Le juste prix pour les 18 salariés du magasin Intersport, c’est le protocole de fin de grève signé avec la direction à l’issue d’un mouvement social. C’était en septembre dernier. Pour la première fois en France, le personnel d’une enseigne Intersport foulait le bitume de la contestation. Ce jour-là, les drapeaux orange de la CFDT volent sur le parvis du magasin du Pied des Gouttes. Une poignée d’heures et de négociations plus tard, le personnel en grève reprend le travail. Il a obtenu 5 % d’augmentation salariale, une régularisation du paiement des dimanches travaillés de 2005 à 2010. « Entre 700 € et 1 200 € payés en une fois selon l’ancienneté du personnel, précise Christian Boualouache. La législation du travail prévoit que le dimanche travaillé soit payé double et compensateur, et que les heures supplémentaires soient payées de 125 % à 150 %. Nous avons obtenu cette régularisation en ces termes sur cinq ans. Pas question de s’asseoir sur ces acquis pour 2011 ».
Seulement voilà. Le cumul l du dimanche payé double et compensateur plus les heures supplémentaires fait tiquer Claude Foragolo, le patron de cinq magasins Intersport dont celui de Montbéliard. « Je respecte le droit du travail, rien que le droit du travail », assurait-il hier soir. Et le droit dit que les sept heures travaillées le dimanche sont payés le double plus sept heures de repos compensateur. Eux voulaient être payés quatre fois. J’ai dit non. Faut pas rêver ! ». Alors pourquoi a-t-il accepté de régulariser le paiement des heures du dimanche selon le cumul des deux compensations ? « J’ai payé pour acheter la paix sociale en septembre, par mesure d’apaisement, en prévenant alors les salariés qu’il n’y aurait pas d’autre fois. Le 15 décembre, j’ai reçu une note de l’inspection du travail qui me donnait raison sur le mode de pai ement du dimanche travaillé. Montbéliard est le seul magasin qui n’a pas ouvert en décembre ».
Pas de volontaires
À défaut d’obtenir les compensations financières réclamées , le personnel a proposé de travailler le dimanche à condition de répartir les 35 heures sur sept jours, soit deux jours de repos dans la semaine. « Comme la direction n’y était pas favorable, nous avons appliqué l’arrêté du maire de Montbéliard qui stipule que le personnel employé les trois dimanches de décembre doit être exclusivement volontaire. Il n’y avait pas de volontaires. Le magasin n’a pas ouvert ». Une perte « non négligeable » pour les salariés avoue volontiers Christian Boualouache, « entre 300 et 500 € de perte mais c’est un choix. Nous étions prêts à travailler mais sur la base des acquis obtenus ». « Les salariés qui travaillent le dimanche font gagner de l’argent aux patrons. Il faut que tout le monde s’y retrouve. Et l’employeur. Et le salarié. Pas le cas pour les Intersport », assure Véronique Le Ponner. Selon la secrétaire adjointe du syndicat des services CFDT de l’Aire urbaine, le travail du dimanche « n’a fait que créer une déréglementation du travail ».