Le Parisien, Bérangère Lepetit | Publié le 17.12.2011, 04h38
FO va attaquer devant le tribunal administratif la légalité de l’autorisation obtenue en 2009. Résultat, les 38 enseignes du centre commercial pourraient ne plus ouvrir le dimanche.
C’est un nouvel assaut dans la guerre sans merci que se livrent depuis quatre ans les syndicats, Thiais-Village et la préfecture du Val-de-Marne à propos de l’ouverture des magasins le dimanche. Jeudi, le syndicat Force ouvrière 94 a décidé d’attaquer la légalité du Puce (périmètre d’usage de consommation exceptionnelle) qui autorise les 38 enseignes du centre à ouvrir le dimanche en vertu d’une loi de 2009.
Une nouvelle bataille engagée sept mois après la décision du tribunal administratif de Melun d’annuler un arrêté préfectoral autorisant l’ouverture du centre et alors même que trois magasins de l’enseigne Boulanger situés à Créteil-Pompadour, La Queue et Villiers viennent d’être condamnés par la cour d’appel de Paris.
D’après FO, c’est un coup fatal porté à Thiais-Village, dont l’ouverture dominicale est déjà fortement fragilisée. « Depuis la décision du tribunal administratif en mai, les enseignes de Thiais-Village ouvrent dans l’illégalité! » lance même Marc Bonnet, secrétaire départemental FO. « Les bases du Puce qui justifient l’ouverture du dimanche à Thiais-Village ne tiennent plus. Nous allons le démontrer », renchérit l’avocat de FO, Me Kossi Amavi.
Illégal? Légal? A Thiais-Village, l’ouverture dominicale ne tient qu’à un fil juridique. « On est dans une zone de flou total, reconnaît Me Frédéric Doueb, l’avocat du syndicat CFTC, lui aussi dans la mêlée. La préfecture joue sur le temps nécessaire aux juridictions pour trancher. »
Dans les allées du centre commercial, les clients sont très partagés sur le sujet. Si certains reconnaissent que l’ouverture peut être « pratique » pour une catégorie de clients, la plupart estiment que le sacro-saint dimanche n’est pas fait pour le shopping. « A Thiais-Village, il n’y a quasiment personne en semaine de toute façon! lance cette mère de famille. Le dimanche, il y a du monde, mais les gens ne se déplacent que pour Ikea. » Du côté des enseignes, la question du dimanche n’est même plus polémique : au regard des chiffres d’affaires réalisés le samedi et le dimanche (environ 50%), c’est un jour travaillé et c’est tout. « Le dimanche travaillé est rentré dans les mœurs, surtout chez les jeunes. Cinq salariés seulement sur 400 refusent de venir ce jour-là », explique cet employé d’Ikea.
Consultée par la préfecture sur la question, la chambre de commerce et d’industrie du Val-de-Marne a émis un avis défavorable sur l’ouverture dominicale de Thiais-Village « en raison de l’insuffisance des éléments de justification et du contexte commercial particulièrement concurrentiel sur le 94 », explique-t-on. Sollicitée, la direction de Thiais-Village n’a pas donné suite à notre demande d’interview.