Le Journal de Saone et Loire, 27/11
L’ouverture des grandes surfaces le dimanche est un enjeu pour les directions comme pour les salariés. Force ouvrière voudrait que le supermarché Leclerc cesse d’ouvrir la marche.
L’initiative avait fait l’effet d’un petit coup de tonnerre dans le monde de la grande distribution. Fin avril, le supermarché Leclerc de Chalon, dans la zone industrielle nord, ouvrait ses portes le dimanche matin. Aucun concurrent n’avait embrayé le pas, mais la vigilance était de mise. Sept mois plus tard, le syndicat Force ouvrière, particulièrement implanté à Carrefour et Géant Casino, repart à l’attaque contre cette ouverture.
Peur des répercussions
Des contacts ont été pris avec plusieurs élus et l’association des commerçants de la zone commerciale sud. Mercredi, des militants ont tracté auprès des salariés de Leclerc. « Cette ouverture déstabilise l’ensemble du commerce chalonnais, explique François Bucaille, secrétaire de l’union locale de FO. Nos adhérents craignent que Carrefour soit obligé de suivre. Ils ont une vie de famille et n’ont pas envie de travailler le dimanche. » Force ouvrière s’inquiète également des possibles effets d’ouvertures généralisées : « Si on rentre dans le système, le dimanche pourrait finir par devenir un jour comme les autres, ce qui ferait perdre leurs avantages aux salariés. » Lesquels travaillent dominicalement sur la base du volontariat, avec une rémunération double ou triple selon les accords, et un jour récupéré. « On peut s’interroger aussi sur le volontariat, souligne François Bucaille. Qu’arrive-t-il vraiment à un salarié qui refuse ? »
À Géant Casino, une ouverture dominicale ne semble pas d’actualité. « On en parle régulièrement, mais la loi ne nous y autorise pas car nous n’avons pas un ratio suffisant de vente de denrées alimentaires », explique Jean-Pierre Mulot, délégué syndical FO, qui souhaite que la démarche de son syndicat aboutisse. « Si toutes les grandes surfaces ouvrent, que feront les autres commerces ? Interroge-t-il. Et est-ce que cela n’aura pas de répercussions sur les marchés également ? » Et les syndicats d’observer en chœur : « Leclerc tire un avantage car il est le seul ouvert le dimanche. Mais si tout le monde s’y met, qu’y gagneront les enseignes par rapport au coût de l’ouverture ? Les gens n’iront pas deux fois faire leurs courses ! »
À Carrefour sud, le directeur, Yves Boursier, confirme sa position du mois d’avril : la grande surface restera porte close le dimanche, même si l’ouverture de Leclerc « n’a pas arrangé ses affaires ». Quant à la direction de Leclerc, elle n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Force ouvrière rencontrera le préfet début décembre afin de demander un arrêté interdisant l’ouverture dominicale des grandes surfaces, au-delà des cinq dimanches exceptionnels par an. « On est déterminé à réussir », conclut Jean-François Bucaille. Une bataille à mener dans un contexte plus favorable aux syndicats qu’aux grandes surfaces. Celles-ci ne sont pas épargnées par la crise, tandis que la charge de travail s’alourdit souvent pour les salariés, en raison d’une baisse des remplacements. À Leclerc, un syndicat CGT s’est monté en mai et une vingtaine de personnes se sont syndiquées. À Carrefour sud, FO compte une soixantaine d’adhérents, trois fois plus que l’an dernier.