Un 11 novembre n’est pas le jour rêvé pour dégainer sa carte bleue dans une virée shopping effrénée. Mais voilà, touristes et Marseillais ont profité hier de l’ouverture quasi collective des commerces de l’hypercentre, du Centre Bourse ou de zones comme Bonneveine et Grand Littoral. Un accueil apprécié par les passants… mais pas tous. Car au-delà de l’ouverture les jours fériés -qui le fait déjà grincer les dents- Avelino Carvahlo (CGT commerces) fustige celle du dimanche. « La loi française prévoit que le dimanche est le jour de repos (sauf pour certains métiers). Et puis, les commerçants ne sont pas dans la misère noire s’ils ne travaillent pas le dimanche ! ».
L’expérimentation pour deux ans
D’autant que l’UPE 13 devrait conclure avec plusieurs syndicats un accord local favorisant le travail dominical, applicable dès le 1er janvier prochain jusqu’à la fin de 2013. Autant dire qu’il remettrait en cause toute la donne : il existe depuis la délibération du 27 janvier 1997 (et l’arrêté préfectoral du 10 juin 1998) une zone dite touristique, des Catalans jusqu’aux futures Terrasses du Port, qui devait permettre d’ouvrir le dimanche (en plus des 5 dimanches du maire payés 30 à 100% du salaire suivant la branche). Dans les faits, la zone touristique a vite été entravée par quatre arrêtés préfectoraux abrogés le 12 juillet 2002 (au même moment que ceux de Plan-de-Campagne) qui ont réaffirmé la fermeture autoritaire le dimanche pour quatre secteurs d’activités : l’équipement de la personne, le bazar, les cycles, motos, et les bijouteries. La zone touristique s’est révélée caduque.
Pourtant depuis 1997, on aurait pu imaginer dans le centre un mini quartier comme celui du Marais à Paris. Une idée ubuesque pour Avelino Carvahlo :« On nous dit que l’ouverture le dimanche serait un atout, une dynamique pour 2013. Jusqu’à preuve du contraire, aller chez H&M est une drôle de conception du tourisme et de la culture. Ceux qui demandent l’ouverture dominicale veulent rentabiliser les nouveaux investissements comme les Terrasses du Port ou la rue de la République. On fera tout pour éviter que les grands groupes détruisent la réglementation et la vie familiale des salariés. Si on laisse faire, il y aura une offensive pour instituer le travail de nuit comme c’est le cas sur les Champs-Élysées. Et pour les jours fériés, il va y avoir la même bagarre. Si on banalise les choses, on va banaliser les salaires. Et bientôt, les salariés seront payés comme un jour normal ».
Pour Laurent Carratu, président de Terres de Commerces : « Cet accord est une opportunité. L’idée est d’expérimenter l’ouverture dominicale sur le périmètre de la zone touristique sur une vingtaine de dimanche par an (pas les jours fériés), et deux années, 2012 et 2013. On est encore sur un flou juridique puisque les arrêtés de 2002 sont obsolètes. Et on discute en toute sérénité. Il faut rappeler que dans le cadre d’une zone touristique, le dimanche est normalement un jour payé aux salariés comme les autres. Comme à Bandol, par exemple. Alors que nous, nous sommes en discussion pour une majoration de salaire de 15 à 30%, en laissant la liberté aux commerces d’ouvrir ou non mais pour éviter que les hordes de touristes ne se cassent le nez le dimanche dans le grand centre ville. Il faut aussi qu’on soit prêts début 2012 avec le Forum mondial de l’eau en mars ».
Forcément dans la ligne de mire, ce sont aussi les Terrasses du Port (comprises dans la zone) qui devraient sortir de terre à ce moment-là. Et puis à terme, quid des centres comme le Prado ou Bleu Capelette ?