Loire-Net TV jeudi 27 octobre 2011
Depuis septembre, le magasin Leclerc de Saint-Jean-de-Linières est ouvert le dimanche matin. Une décision qui a provoqué la colère des élus et des concurrents. Même du côté des associations de consommateurs, on craint des répercussions sur les prix et l’endettement des familles.
Le sacro-saint repos dominical a encore ses admirateurs sur l’agglomération angevine. Après la fronde des élus, qui ont sollicité le Préfet du Maine-et-Loire pour interdire l’ouverture des grandes surfaces le dimanche, les associations de défense des consommateurs ne voient pas non plus d’un très bon œil le travail dominical. La CSF (Confédération syndicale des familles) du Maine-et-Loire a réaffirmé son opposition. « Des temps sociaux communs sont importants pour permettre aux familles de se retrouver ensemble, affirme la délégation départementale. L’ouverture des supermarchés le dimanche, incitant les familles à se ruer dans ces commerces, déconstruit ces temps sociaux. » Deuxième remarque, sur l’incidence de cette ouverture sur l’activité des petits commerces. « L’ouverture le dimanche, du fait de leur emplacement en périphérie, contribue à la baisse de l’activité des commerces de centre-ville et dans les quartiers, qui ne peuvent résister à une telle concurrence. » La fédération départementale de l’association Familles de France se place aussi contre l’ouverture dominicale. « Le dimanche est un jour privilégié, un moment de repos pour les familles. Pour les personnes qui travaillent le dimanche, même sous le volontariat, cela modifie leur mode de vie. »
Du côté de l’UFC Que Choisir, on craint aussi pour les prix dans les supermarchés. « On voit que lorsque des hypermarchés ou des supermarchés arrivent à tuer le petit commerce, la concurrence n’existe plus et les grandes surfaces ont tendance a augmenter leurs prix », affirme Yannick Grellard, président de l’association départementale, qui prône une « réglementation » de l’ouverture dominicale. « Il y a suffisamment de plages horaires d’ouverture pour satisfaire les consommateurs. On comprend que les grandes surfaces veuillent faire du chiffre. Mais pas au détriment du commerce de proximité. » Pour l’association Familles de France, on craint aussi des dépenses supplémentaires pour les ménages. « Nous voyons passer dans nos services des personnes surendettées, fragilisées par leurs dépenses. Nous avons peur que l’ouverture le dimanche entraîne des dépenses inconsidérées, avec des achats dont ils n’auraient pas besoin. Ces personnes fragilisées pourraient l’être encore plus. »
Pour les clients, les avis sont partagés. D’un côté, certains se réjouissent de l’ouverture dominicale. « Je n’ai souvent pas le temps ni l’envie de faire mes courses le samedi et je travaille le reste de la semaine », peste Sylvie. Thierry en revanche ne tient pas à fréquenter les allées des supermarchés le dimanche. « Pour moi, c’est un jour de repos, pour m’occuper de ma famille. On parle beaucoup de la mort du petit commerce avec cette mesure. Je veux pouvoir avoir le droit de ne pas prendre ma voiture et rouler deux kilomètres pour aller faire mes courses juste parce que l’épicier en bas de chez moi a fermé. » Un argument écologique qui a un sens pour l’UFC Que Choisir. « Utiliser son véhicule pour acheter une baguette de pain et de la pâtisserie le dimanche matin est un mauvais coup porté au bilan carbone. Le consommateur doit pouvoir maîtriser ses déplacements. »