Fortes de nombreux soutiens, du Parti communiste à l’Eglise catholique, cinq caissières du supermarché Dia d’Albertville (Savoie) ont fêté dimanche leur 101e jour de grève contre le travail dominical imposé par leur direction.
A l’entrée du parking, une banderole jaune accueille les clients venus faire leurs courses en cette matinée ensoleillée: « Le travail du dimanche, indignons-nous! »
En ce 101e dimanche de grève, Corine, Peggy et les deux Valérie sont rejointes par une trentaine de militants locaux, venus les soutenir depuis bientôt deux ans. Dans une ambiance de kermesse, avec tracts et sono hurlante.
« Au départ, à la direction, ils nous ont pris pour des +co-connes+, ils se sont dits: +Dans trois mois, c’est réglé+ », se souvient Corine Pointet, déléguée syndicale CGT.
Depuis le premier dimanche de grève, le 11 octobre 2009, les six employées, devenues cinq après le départ de l’une d’elles, se relaient chaque week-end au piquet de grève. Au gré de leur inscription au planning du magasin.
« On vient même quand on n’est pas au planning », raconte Corine. « Quand on est chez soi le dimanche, on veut retrouver les copines, on ne se sent pas de rester seules. »
Quitte à amener leurs enfants en bas âge que ces mères sont souvent seules à élever, avec un salaire de 1.100 euros net par mois.
« Au départ, j’étais prête à faire l’effort de travailler si mon salaire me permettait de payer la nourrice », explique Peggy, chef-adjointe du magasin.
« Mais vu qu’ils ne majorent les salaires que de 8 euros par dimanche travaillé, j’ai calculé que je gagnais 30 euros en me mettant en grève », assure-t-elle.
Le magasin continue à ouvrir, avec le concours de quelques étudiantes et de salariés de Dia venus des supermarchés alentours.
« C’est le monde actuel. Il faut que les gens travaillent pour que la croissance soit là », explique Amadou, 36 ans, un volontaire de Chambéry.
Les grévistes ont reçu le soutien de nombreux élus locaux, militants du Parti communiste et même de l’Eglise catholique.
A l’image de Bernard Anxionnaz, prêtre ouvrier de 74 ans, qui peste contre la marchandisation du jour du Seigneur. « Nous ne laisserons pas le dimanche devenir l’affaire des hommes d’affaires », lance-t-il.
La cause est remontée jusqu’à l’archevêque de Chambéry, monseigneur Philippe Ballot, qui a salué dans L’Humanité la « persévérance » et le « courage » des caissières d’Alberville.
Quant aux clients, ils sont le plus souvent partagés. « Je les comprends. Elles ont leur vie de famille. Il n’y a pas que le travail dans la vie », compatit Ali, ouvrier industriel de 26 ans, remplissant son coffre de provisions, tout en reconnaissant que l’ouverture le dimanche « ça arrange pas mal ».
Après deux ans de lutte, semée de découragement, le conflit pourrait connaître une issue avec le prochain passage du magasin en location-gérance et la promesse du nouveau patron de ne faire travailler que des volontaires le dimanche.
« Quoi qu’il arrive, on continuera le combat. Pas pour nous, pour les autres! », assure Corine.