Liberté Politique, 15 Juillet 2011
Catherine Dupeyron, rapporte dans Les Échos les raisons pour lesquelles un député du Likoud, Zeev Elkin, a déposé une proposition de loi visant à supprimer le travail le dimanche.
Conséquence directe : « la semaine de travail israélienne s’étalerait du lundi au vendredi et non plus du dimanche au jeudi, comme c’est le cas depuis la création de l’État. Seuls quelques secteurs travaillent le vendredi – commerce, banques, poste, transports publics -, mais seulement la demi-journée pour cause de shabbat. »
L’objectif, poursuit la journaliste, est double : « il s’agit d’être au même rythme que la majorité des acteurs économiques dans le monde et de permettre aux juifs religieux observant le shabbat d’avoir une journée dédiée au shopping et aux activités culturelles dont ils sont exclus de fait, car, pour eux, le vendredi est d’abord consacré à la préparation du shabbat qui commence le vendredi soir. »
Le vendredi serait donc travaillé et le dimanche cesserait donc d’être jour 1 (Norme ISO 8601) de la semaine. « Curieusement, les partis religieux juifs ultra-orthodoxes sont partagés sur la question, conclut Catherine Dupeyron. De même, le Likoud, parti laïque dirigé par le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, compte partisans et détracteurs du texte. Le sujet est d’autant plus complexe, dans un pays qui compte une importante minorité musulmane, que selon les Principes fondamentaux de 1949 faisant office de Constitution, « le droit des non-juifs à leurs shabbat et jours de repos sera garanti ».
Jean-François Froger, auteur du Maître du Shabbat (Éd. Grégoriennes), revient sur cette information et note qu’on ne devrait pas titrer « la bataille du dimanche » mais « la bataille pour un jour de shopping », regrettant ainsi que nous « soyons à des années-lumière du jour du Seigneur ».
Reprenant l’idée majeure de son essai exigeant, l’exégète ne nie évidemment pas l’importance des bénéfices sociaux de ce jour mais n’en remarque pas moins l’erreur fondamentale des juifs à propos du shabbat quand ils le qualifient de « jour de repos » alors que c’est un jour d’interdit permanent de travail. Froger enregistre avec une certaine peine ce qu’il voit comme une dérive du judaïsme depuis deux mille ans, en réalité « depuis la séparation du Peuple élu entre pharisiens fidèles à l’interprétation juridique de la Loi et en chrétiens fidèles à l’enseignement du Messie. D’où les deux branches du même arbre hébraïque : le judaïsme qui a dérivé jusqu’à aujourd’hui et le christianisme qui est en train d’apostasier son Maître pour devenir un humanisme gentil qui veut que les gens se reposent le dimanche ».
Bonne correction assurément en direction des juifs bien sûr mais aussi des chrétiens soulignant l’idée peu répandue que le judaïsme que nous connaissons naît en même temps que le christianisme en s’en séparant. Les chrétiens se figurent parfois être des héritiers du judaïsme alors que juifs et chrétiens sont de piètres héritiers de l’hébraïsme commun, de « leurs pères dans la foi »[1] à savoir tout ce qui précède Jésus et que nous tenons pour inspiré du Saint Esprit, comme le rappelle le « Il a parlé par les prophètes » du Credo.
Les chrétiens, redisons-le à la faveur de cette information, devraient se « lever en masse pour défendre le repos dominical », pour défendre le dimanche, leur jour, celui où monte l’action de grâce en vue de la résurrection. H.B.
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> Le Maître du Shabbat, par Jean-François Froger, Éditions Grégoriennes (2009), 176 p., 17,00 € : Acheter ce livre avec notre partenaire Amazon.fr
> Dossier Liberté politique « Oui au repos dominical »
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[1] [1] Benoît XVI, Lumière du Monde, Le pape l’Église et les signes des temps, Un entretien avec Peter Seewald, Bayard, 2010, p. 114.