Lutte Ouvrière n°2243 du 29 juillet 2011
La direction de l’hypermarché Auchan de Perpignan a décidé d’ouvrir son magasin le dimanche matin du 31 juillet au 11 septembre, et ce en totale illégalité. Elle est parfaitement informée par la Direction départementale du travail de la réglementation en vigueur, qui lui interdit d’ouvrir le dimanche, et décide sciemment de l’enfreindre.
Les règles les plus élémentaires et obligatoires de consultation du personnel (vote du Comité d’établissement et consultation du Comité d’hygiène et de sécurité) n’ont pas été respectées. Elle déclare à qui veut l’entendre que la loi ne lui est pas applicable, mais rappelle aussi qu’elle pèse 575 emplois…
Les Unions départementales des organisations syndicales de salariés CFDT, CFE/CGC, CGT et FO ont été reçues à ce sujet par le représentant du préfet et la Direction départementale du travail, à qui elles ont réaffirmé leur opposition à la remise en cause du repos dominical. L’UPA (Union professionnelle artisanale), qui représente les petits commerces de Perpignan, a elle aussi fait savoir aux pouvoirs publics son opposition à cette ouverture. Et les autorités ont confirmé qu’Auchan serait en infraction.
Mais la direction d’Auchan — Perpignan, enseigne qui appartient à la famille Mulliez, une des plus grandes fortunes de France, n’a que faire de ce que pensent ses salariés, les organisations syndicales et même les pouvoirs publics.
Elle dit faire appel à des volontaires (un salarié ne peut en effet être obligé de travailler les dimanches, il faut son accord écrit), mais vu les bas salaires et la précarité des emplois, c’est un volontariat qui ressemble fort à une obligation ! De plus, la compensation financière prévue est en dessous de la compensation conventionnelle applicable aux cinq dimanches d’ouvertures exceptionnels autorisés chaque année avec l’accord du maire.
De plus en plus d’enseignes de la grande distribution profitent de la nouvelle loi du 11 août 2009 (loi Maillé, qui a confirmé le concept de « zone touristique » et introduit celui de « périmètres d’usage de consommation exceptionnelle (PUCE) ») pour ouvrir leurs magasins le dimanche matin ou même le dimanche toute la journée, légalement mais aussi et de plus en plus illégalement…. Et si Auchan ouvre hors la loi les dimanches d’été, il y a fort à parier que d’autres enseignes tenteront de faire de même, à Perpignan (qui n’est pas en zone touristique) et ailleurs.
On risque donc d’assister à une banalisation du travail du dimanche dans la grande distribution, avec des compensations en termes de rémunération et de récupération tendant à disparaître. Ces ouvertures du dimanche se font au détriment de la vie sociale, familiale, personnelle, culturelle, associative. Elles ne créent pas de richesses supplémentaires : le pouvoir d’achat des ménages, déjà affaibli, ne leur permet pas de consommer davantage. Elles détruisent aussi plus d’emplois qu’elles n’en créent, et génèrent de la précarité : de l’aveu même de la directrice d’Auchan — Perpignan, aucune embauche supplémentaire ne sera effectuée.
La vigilance et la mobilisation sont nécessaires pour s’opposer à ce recul social. À Perpignan, après une conférence de presse, les organisations syndicales ont appelé à une action à l’occasion du premier dimanche d’ouverture prévu et donné rendez-vous ce dimanche 31 juillet à 8 h à l’entrée d’Auchan.