Le ministre vole au secours des commerces des Abbesses

Lefebvre, selon les dires de ses proches, a fait de la provocation sa raison d'exister dans le Gouvernement. L'homme n'est certes pas idiot, mais la compilation de ses diverses interventions pourrait fournir la base d'un manuel du grotesque en politique.

Il s'est donc saisi du « combat » des commerçants des Abesses pour sortir d'un bois dont il n'était pas sorti depuis quelques semaines, au grand repos de l'électeur. Et c'est donc un ministre de la République qui va soutenir les personnes qui – à juste titre ou non – veulent que soient appliquées les lois de la Républiques partout en France, …mais pas à eux.

Entre démagogie et populisme, une chose est certaine : ce n'est pas la place d'un Ministre.

Le Parisien, 8/6/10

Le Secrétaire d’Etat chargé du Commerce, Frédéric Lefebvre soutient le combat pour l’ouverture le dimanche des boutiques de ce quartier du XVIIIe. La mairie de Paris continue de s’y opposer.

Le débat sur le travail le dimanche fait rage aux Abbesses. Deux mois après le rappel à l’ordre de l’inspection du travail concernant la loi sur le repos dominical, Frédéric Lefebvre, le secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, est venu apporter hier matin son soutien aux commerçants qui continuent à travailler le dimanche… en toute illégalité.

Dans le collimateur après de longues années de tolérance, ces derniers réclament l’extension de la zone touristique de Montmartre au bas de la Butte pour ouvrir en toute légalité le jour du Seigneur.

« Depuis que les cars n’ont plus le droit de monter jusqu’à la place du Tertre, les touristes débarquent aux Abbesses et partent en quête du Moulin de la Galette, du Bateau-Lavoir ou de la célèbre épicerie et du café d’Amélie Poulain, argumente Sylvie Fourmond, la présidente de l’association des commerçants de Lepic-Abbesses, devant une soixantaine de personnes réunies dans le Théâtre de l’Atelier. Tous ces lieux se trouvent au pied de la Butte. Mais notre secteur ne figure pas dans le périmètre touristique de Montmartre. »

« Votre combat est juste, déclare le secrétaire d’Etat. Montmartre est l’un des lieux les plus visités de France. Il n’y a aucune raison de ne pas traiter tout le monde à égalité. C’est irrationnel. Il y a trop de dogmatisme et pas assez de pragmatisme. » Et de confier : « Lorsque j’avais 16 ans, je travaillais le dimanche sur les marchés. Ce jour-là, les gens sont détendus. Ce n’est pas forcément le calvaire qu’on veut bien décrire. »

Après cet échange avec les acteurs économiques du quartier, le secrétaire d’Etat a entamé la tournée des boutiques. « Le chiffre d’affaires dominical représente plus de 30% de celui réalisé le reste de la semaine. C’est notre survie qui est en jeu », expliquent les gérants qui ont le droit de travailler le dimanche mais pas d’employer des salariés ce jour-là. Quant aux métiers de bouche, ils ont obligation de baisser leur rideau à 13 heures. Seuls les restaurants, cafés, pharmacies et autres services ont le droit d’ouvrir.

Frédéric Lefebvre a promis de saisir le maire de Paris, Bertrand Delanoë, dès aujourd’hui pour lui demander de trouver un terrain d’entente avec tous les acteurs concernés. « Le bon sens doit l’emporter », insiste-t-il.

Du côté de la mairie de Paris, pas question de relancer le débat. « Le quartier Lepic-Abbesses connaît une évolution très rapide : de nombreux commerces de bouche ont été remplacés par des commerces d’habillement ou des enseignes nationales voire internationales, argumente Lyne Cohen Solal, l’adjointe chargée du commerce. Le maire de Paris souhaite que la diversité commerciale et artisanale y soit préservée. Toute création d’une zone touristique à cet endroit conduirait à la disparition de cet équilibre et entraînerait la multiplication des baux par dix, comme sur les Champs-Elysées. »

Le Parisien

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